Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/569

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— et les manifestations de la Haye et d’Amsterdam prolongeront en un écho plus solennel et plus vaste les paroles de paix ouvrière et d’espoir socialiste qui ont retenti à Londres, qui auront retenti à Bruxelles. Enfin dans les derniers jours de mai se réunira à Bruxelles la Conférence préparatoire qui doit organiser dans ses grandes lignes le Congrès international de Paris, de 1900. À Paris, dans l’immense multitude humaine attirée par l’Exposition, le prolétariat universel dressera son haut idéal ; contre les dirigeants de tous les pays, gardiens de l’iniquité capitaliste, contre les Dupuy, les Méline, les Salisbury, les Guillaume, les Humbert, les Nicolas, les ouvriers et les socialistes de toutes les nations affirmeront leur foi commune et leur commune volonté. Vraiment, c’est un ordre nouveau qui surgit ; c’est un monde nouveau qui se débrouille et nous apparaît sous le chaos des ignorances, des misères et des haines.

Oh ! nous savons bien que cet ordre nouveau est à peine ébauché, et qu’en sa fragilité incertaine il participe encore du rêve presque autant que de la réalité. Nous savons bien qu’il ne dépend pas encore des prolétaires unis de dompter la guerre ; nous savons bien qu’il ne dépend pas encore d’eux de remplacer les désordres et les injustices du capital par la justice du travail souverain et organisé. Il faudra un effort immense et continu pour que ce frêle commencement