Page:Jaurès - De la realite du monde sensible, 1902.djvu/331

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qui est déterminé par son existence relativement aux objets donnés », et il ajoute, dans l’introduction aux analogies transcendantales : « Nous appellerons sensibilité, la capacité (réceptive) de notre esprit d’avoir des représentations en tant qu’il est affecté d’une manière quelconque ; au contraire, la faculté de produire des représentations mêmes ou la spontanéité de la connaissance, s’appellera entendement. Il est donc de notre nature que l’intuition ne puisse être que sensible, c’est-à-dire qu’elle ne comprenne que la manière dont nous sommes affectés par des objets ; l’entendement, au contraire, est la faculté de (penser) concevoir l’objet de l’intuition sensible. »

Toute la question des rapports de la sensibilité et de l’entendement est soulevée par les lignes précédentes. Il n’entre point dans mon objet d’étudier tout le système de la connaissance, mais il est impossible de définir la valeur de l’espace sans déterminer les rapports qui l’unissent aux catégories de l’entendement. D’ailleurs, l’analyse même que nous avons faite jusqu’ici du monde sensible, où nous retrouvons partout des idées, indique d’avance que, pour nous, des relations étroites doivent exister entre la sensibilité et l’entendement. Si nous nous arrêtons un moment à discuter la théorie de Kant sur ces relations, ce n’est point pour faire œuvre de critique ou d’histoire dans cet essai essentiellement dogmatique, c’est pour faire rapidement la contre-épreuve de notre propre doctrine. À vrai dire, tout l’idéalisme contemporain a pour fondement la doctrine kantienne, et il serait malaisé de toucher à l’idéalisme subjectif dans son ensemble, sans toucher à l’œuvre propre de Kant.

En quel sens Kant dit-il que la sensibilité est pas-