Page:Jaurès - De la realite du monde sensible, 1902.djvu/42

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autre ligne perpendiculaire à celle-ci mais arbitrairement imposée, il n’y aurait pas liberté non plus : il n’y aurait pas activité véritable. C’est dire que d’un point donné d’une ligne, des perpendiculaires en nombre illimité doivent pouvoir être menées à cette ligne. Or cet ensemble de perpendiculaires à une droite en un point, c’est un plan. Nous avons donc un plan perpendiculaire à une droite, c’est-à-dire les trois dimensions de l’espace, et ces trois dimensions sont nécessaires et suffisantes, car elles expriment dans l’ordre de la quantité extensive la liberté infinie de l’activité infinie. Par un même point, des lignes innombrables peuvent être menées, et en chacun des points de chacune de ces lignes les forces de l’univers peuvent s’engager dans une infinité de directions aussi distinctes que possible de la première, c’est-à-dire perpendiculaires à celle-ci. Ainsi la sublime géométrie de l’espace exprime et permet une infinie liberté, et il lui suffit pour cela des trois dimensions, c’est-à-dire que la pure puissance de l’être et de la quantité, sans rien perdre de son infinité, est soumise à une détermination absolue et passe tout entière sous la loi de la forme. C’est ce qui fait la beauté du volume lequel enveloppe la quantité indéterminée et infinie dans des limites définies, et la beauté par excellence de la sphère en qui tous les points de la quantité indéfinie, soumis à des relations définies et intelligibles, participent de la détermination absolue. La sphère c’est l’espace, c’est-à-dire l’infinie puissance de l’être, soumis par la riche simplicité de rapports harmonieux à l’absolue perfection de la forme et de la loi. Il ne faut donc pas confondre l’infini avec l’indéterminé et l’inconnaissable, puisque, dans l’ordre de la grandeur, il suffit de trois perpendiculaires pour