Page:Jaurès - De la realite du monde sensible, 1902.djvu/61

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une combinaison chimique qui ne soit pas un simple mélange, une simple agglomération, s’ils n’étaient pas des formes de mouvement pouvant agir les unes sur les autres, s’harmoniser dans des conditions définies les unes avec les autres ? C’est là aujourd’hui la doctrine de tous les chimistes ; ceux-là même qui proposent, comme M. Würtz, une notation nouvelle des relations chimiques, la notation atomique, et qui, pour expliquer les combinaisons d’un atome avec des équivalents multiples d’un autre atome, représentent volontiers les atomes comme figurés et branchus à la manière de Démocrite, se servent là d’un langage symbolique. Ils n’entendent pas le moins du monde glacer l’atome dans une figure immobile comme l’étoile de la neige, et ces saillies, ces figures de l’atome, adaptées à des combinaisons multiples, peuvent très bien être les saillies, les figures d’un tourbillon. C’est M. Würtz lui-même qui a indiqué que les atomes pourraient bien n’être que des tourbillons, ces tourbillons étant de leur nature à la fois souples et stables. Voilà par exemple ces couronnes de fumée qui s’élèvent dans l’air après l’explosion d’une bouche à feu et que savent reproduire en petit les habiles fumeurs, en lançant d’une certaine façon la fumée de leur cigare. Ces tourbillons, dit M. Würtz, sont doués d’élasticité et peuvent changer de forme. Le cercle est leur position d’équilibre, et lorsqu’ils sont déformés ils oscillent autour de cette position qu’ils finissent par reprendre. Mais, qu’on essaie de les couper, ils fuiront devant la lame ou s’infléchiront autour d’elle sans se laisser entamer ; ils offrent donc la représentation matérielle de quelque chose qui serait indivisible et insécable. Et lorsque deux anneaux se rencontrent, ils se comportent comme deux corps