du XVIIe et du XVIIIe siècle destinés à l’enseignement du Clergé et qui affirment que le Pape est supérieur même au Concile universel et qu’il est infaillible par sa propre vertu sans le concours de l’Église assemblée.
Il ne faut donc pas exagérer le gallicanisme de l’ancien régime : l’esprit ultramontain y était déjà très puissant : et même sans les orages de la Révolution qui rapprochèrent du Pape les prêtres de France, l’ultramontanisme, par l’évolution nécessaire du principe catholique, serait devenu la loi de l’Église de France comme de toutes les autres. En tout cas, ultramontaine ou gallicane ou mêlée d’ultramontanisme et de gallicanisme, l’Église de France au XVIIIe siècle était horriblement oppressive. Elle a persécuté les protestants ; elle a menacé et persécuté les savants et les philosophes, et il est rare qu’elle n’ait pu obtenir le concours du bras séculier. De là, la révolte des esprits libres.
La pensée humaine, depuis plus d’un siècle s’appliquait à comprendre l’univers et la société. Elle ne pouvait admettre l’intervention tyrannique du clergé ; elle ne pouvait permettre à l’Église d’enfermer dans la conception de la Bible ou dans la scholastique du moyen âge l’univers mouvant et illimité où se déployait la mathématique du monde et la liberté méthodique de l’esprit.
Dans cette lutte pour la pensée libre, la bourgeoisie était l’alliée des philosophes, car, pour son développement économique, pour le progrès de l’industrie, elle avait besoin du secours de la science et du mouvement intellectuel : Voltaire, grand remueur d’idées et grand brasseur d’affaires était le symbole complet de la bourgeoisie nouvelle. L’immobilité de la vie économique du moyen âge était liée à l’immobilité de sa vie dogmatique : pour que la production moderne prît tout son essor, brisât toutes les routines et toutes les barrières, il fallait aussi que la pensée moderne eût toute sa liberté.
L’intolérante Église catholique était donc l’ennemie irréductible du monde moderne. Maîtresse absolue, elle aurait tari à la fois la source de la pensée et la source de la richesse. Aussi devaient se soulever contre elle toutes les forces de la bourgeoisie nouvelle, tous les appétits de richesse et tous les appétits de savoir.
Elle pesait aussi lourdement sur le travail que sur l’esprit. Le clergé était