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HISTOIRE SOCIALISTE

maire de la Chapelle-Thècle ; Mathy, maire de Menetreuil ; Delore, curé et maire de Bantange ; Paillard, curé de la Genète ; Meunier le jeune, maire de Jouvinson ; Moissonnier, greffier à Montpont.

Enfin, le canton de Savigny-sur-Seille délègue : Antoinet, maire de Saint-Vincent ; Bourgeois, maire d’Huilly ; Ganat, avocat à Saint-Vincent ; Petitjean, maire de Loisy ; Pernin, laboureur à la Frette ; Berger, officier municipal à Savigny-sur-Seille.

Et l’assemblée des électeurs du district ainsi composé désigne, en mai 1790, pour faire partie de l’administration du district : François Massin, géomètre à la Chapelle Saint-Sauveur ; Pierre-Marguerite Guerret, ancien subdélégué de l’intendance de Bourgogne ; Guégot, docteur en médecine à Sainte-Croix ; Claude Antoines, bourgeois à Saint-Vincent ; Pierre Rouget, notaire royal à Montpont ; Jean Noirot, notaire royal à Nervans ; Jean Truchot, lieutenant et juge ordinaire en la justice de Nervans ; de la Maillanderie, ancien officier d’infanterie à Cuiseaux ; Antoine Bonin, notaire royal à Saint-Germain-du-Bas ; Denis Robelin, architecte à Sens ; Sébastien Guillemin, bourgeois à Gommerans ; Joseph Boisson, bourgeois à Dampierre.

Qu’on me pardonne ces longues énumérations. Il faut bien essayer de voir, par quelques exemples précis, comment était composé le personnel administratif de la Révolution, et après les grandes villes industrielles comme Lyon, Nantes, Marseille, Bordeaux, Louhans offre un type excellent de petite ville dans une région agricole.

On remarquera que sur les 98 délégués du district de Louhans, où abondent les communautés rurales, il n’y a que 16 laboureurs (c’est-à-dire propriétaires de terres à blé) ou fermiers. Le reste est formé des divers éléments de la bourgeoisie rurale, hommes de loi, hommes d’affaires, avocats, huissiers, experts, géomètres, notaires, marchands, médecins « bourgeois », c’est-à-dire rentiers de petite ville, officiers en retraite. Et quand il s’agit non plus des délégués, mais des administrateurs mêmes du district, il n’y a plus un seul propriétaire, un seul cultivateur, rien qu’un état-major de bourgeoisie rurale.

Je sais bien que déjà les administrateurs de district, et aussi les délégués représentent une sélection, l’élément proprement paysan occupait certainement une plus large place dans les conseils municipaux ; mais malgré tout, ce sont des bourgeois qui forment les cadres administratifs et politiques de la Révolution dans les campagnes. C’est surtout parmi les catégories sociales qui arrivent ainsi au pouvoir administratif que se recruteront les acheteurs des biens nationaux.

Qu’on ne se figure point, en voyant de grands bourgeois riches à la tête de la Révolution dans les grandes villes, et de moyens et petits bourgeois dans les campagnes, qu’un esprit d’oligarchie ou de juste milieu va animer le personnel administratif révolutionnaire. Il ne faut pas oublier que nous