de chacun ne seront plus troublés, que les lois ne seront plus enfreintes impunément et qu’enfin la liberté sera posée sur des bases fermes et inébranlables. »
C’était la contre-révolution. L’Assemblée écouta ce triste papier dans un silence méprisant. Mais du coup se posa ou se précisa pour elle le problème : Quelle attitude allait elle prendre envers ce Roi qui désertait son poste et qui répudiait en bloc la Constitution dont il avait déjà sanctionné les parties principales ? L’Assemblée comprit qu’elle ne pouvait laisser sans réponse devant le pays la protestation royale : et elle rédigea une adresse aux Français. Dans cette adresse, elle s’appliqua à ne pas créer de l’irréparable et à réfuter vigoureusement les allégations de Louis XVI sans se mettre dans l’obligation de prononcer sa déchéance.
Elle commença à exprimer l’hypothèse que Louis XVI pouvait bien avoir été enlevé. C’est Demeunier qui, à la séance du 22 juin, lut le projet d’adresse aux Français : « Un grand attentat vient de se commettre. L’Assemblée nationale touchait au terme de son long travail ; la Constitution était finie ; les orages de la Révolution allaient cesser ; et les ennemis du bien public ont voulu, par un seul forfait, immoler la nation entière à leur vengeance. Le roi et la famille royale ont été enlevés dans la nuit du 20 au 21 de ce mois » (Murmures.)
Rœderer interrompt avec violence : « C’est faux, il a lâchement déserté son poste… !
Demeunier reprend : « Je prie l’Assemblée d’écouter avec attention jusqu’à la fin. Le Comité de Constitution a rédigé son projet d’adresse dans le sens que les circonstances ont paru lui dicter : peut-être après l’avoir entendu en entier la réclamation qui vient d’avoir lieu n’existera plus. » L’adresse en effet, après cette première réserve savamment calculée pour ménager toutes les chances d’avenir était très rigoureuse et très sévère. « La liberté publique sera maintenue ; les conspirateurs et les esclaves apprendront à connaître l’intrépidité des fondateurs de la liberté française : et nous prenons à la face de la nation, l’engagement solennel de venger la loi ou de mourir. » (Applaudissements.)
« La France veut être libre ; et elle sera libre ; on cherche à faire rétrograder la Révolution ; elle ne rétrogradera pas… »
Et Demeunier rappelant tous les serments de fidélité du roi à la Constitution, s’écrie : « Si un jour le roi ne déclarait pas que les factieux l’ont entraîné, on aurait dénoncé son parjure au monde entier… »
« Des adresses de félicitations et de remerciements sont arrivées de toutes les parties du royaume ; on dit que c’est l’ouvrage des factieux ; oui sans doute, de 24 millions de factieux. (Vifs applaudissements)… « On nous reproche de n’avoir pas soumis la Constitution au refus du roi ; mais la royauté n’est établie que pour le peuple, et si les grandes nations sont obligées de la