roi de Hongrie pour lui proposer de donner une somme pour l’entretien des émigrés. Je doute que cette proposition soit adoptée. La mauvaise volonté de cette cour est évidente, les émigrés ne sont pas même soufferts à leur armée comme simples spectateurs, et au lieu d’en recevoir 7 à 8,000 qui ont été offerts, ils ont préféré de risquer que tout le pays soit occupé par les rebelles français, qui n’avaient d’avantage sur eux que le nombre. Depuis qu’il leur est arrivé des renforts, ils n’ont plus rien à craindre ; mais ils ont eu des moments très critiques, et au moment que M. de Biron marchait sur Mons, le général Beaulieu n’avait que 1,800 hommes et 3 canons ; 1,200 hommes arrivèrent dans la nuit et 6 canons en poste. Même à présent, ils hésitent faute de monde à attaquer et à chasser les Français de Menin et Courtray. »
Ainsi ce n’est même pas à la politique incertaine et conciliante de l’Autriche, c’est aux velléités intransigeantes du roi de Prusse que Fersen et la royauté attachent leur espoir. Aussi le feuillantisme ne pouvait être qu’une duperie, à moins qu’il ne devînt une trahison. À cette bourgeoisie modérée et candide, qui sous l’émotion du 20 juin, lui envoyait des adresses de sympathie, Louis XVI préparait un singulier réveil ; c’est sous le galop furieux des chevaux de Prusse que ses illusions auraient été foulées. C’est par la chevauchée de Brunswick que Louis XVI répondra à la confiance naïve des révolutionnaires timorés. Fersen écrit à Marie-Antoinette le 30 juin :
« J’ai reçu hier la lettre du 23 ; il n’y a rien à craindre tant que les Autrichiens ne seront pas battus. Cent mille Dumouriez ne feront pas révolter ce pays-ci, quoiqu’il y soit très fort disposé.
« Votre position m’inquiète sans cesse. Votre courage sera admiré, et la conduite ferme du roi fera un excellent effet. J’ai déjà envoyé partout la relation, et je vais envoyer la Gazette universelle, qui rend compte de sa conversation avec Pétion : elle est digne de Louis XVI. Il faudra continuer de même, et surtout tâcher de ne pas quitter Paris ; c’est le point capital. Alors il sera aisé de venir à vous, et c’est là le projet du duc de Brunsivick. Il fera précéder son entrée par un manifeste très fort, au nom des puissances coalisées, qui rendront la France entière et Paris en particulier responsables des personnes royales. Ensuite il marche droit sur Paris, en laissant les armées combinées sur les frontières pour masquer les places et empêcher les troupes qui y sont d’agir ailleurs et de s’opposer à ses opérations… Le duc de Brunswick arrive le 3 à Coblence ; la première division prussienne y arrive le 8. »
Voilà ce que valait la lettre de Louis XVI à l’Assemblée le 21 juin. Seule, la Révolution populaire pouvait sauver la liberté et la patrie. Et pendant que la royauté traîtresse appelait l’étranger et l’attendait, haletante, pour supprimer la Constitution, Lafayette s’obstinait à ne voir que le péril révolutionnaire, quittait son armée et accourait à Paris. Cette fois ce n’était plus par lettre qu’il voulait sommer l’Assemblée de restituer l’autorité royale et d’interpréter la Constitution dans le sens feuillant. C’est lui-même, en une