Page:Jaurès - Histoire socialiste, II.djvu/524

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’empereur d’Autriche et le roi de Prusse se disposaient à envahir, à fouler, à asservir la France. Quelle terrible semence de colères !…

« Un intérêt également important et qui tient à cœur aux deux souverains, c’est de faire cesser l’anarchie dans l’intérieur de la France, d’arrêter les attaques portées au trône et à l’autel, de rétablir le pouvoir légal, de rendre au roi la sûreté et la liberté dont il est privé, et de le mettre en état d’exercer l’autorité légitime qui lui est due. »

Et puis, au nom du roi de France, les souverains étrangers mettaient hors la loi, hors du droit des gens la Révolution et les révolutionnaires.

Ils déclaraient « que les armées coalisées n’entendent point s’immiscer dans le gouvernement intérieur de la France, mais qu’ils veulent uniquement délivrer le roi, la reine et la famille royale de leur captivité, et procurer à Sa Majesté Très Chrétienne la sûreté nécessaire pour qu’elle puisse faire sans danger, sans obstacle, les conventions qu’elle jugera à propos et travailler à assurer le bonheur de ses sujets. »

« Que les armées combinées protégeront les villes, bourgs et villages, et les personnes et les biens de tous ceux qui se soumettront au roi ; que les gardes nationales seront sommées de veiller provisoirement à la tranquillité des villes et des campagnes, à la sûreté des personnes et des biens de tous les Français, jusqu’à l’arrivée de LL. MM. Impériale et Royale… sous peine d’en être personnellement responsables ; qu’au contraire, ceux des gardes nationales qui auront combattu contre les troupes des deux cours alliées et qui seront pris les armes à la main seront traités en ennemis et punis comme rebelles à leur roi, et comme perturbateurs du repos public ; que les généraux, officiers, bas-officiers et soldats des troupes de ligne françaises sont également sommés de revenir à leur ancienne fidélité et de se soumettre sur-le-champ au roi, leur légitime souverain ; que les membres des départements, des districts et des municipalités seront également responsables sur leur tête et sur leurs biens de tous les délits, incendies, assassinats, pillage et voies de fait qu’ils laisseront commettre ou qu’ils ne se seront pas notoirement efforcés d’empêcher sur leur territoire.

« Que les habitants des villes, bourgs et villages qui essaieraient de se défendre contre les troupes de Leurs Majestés impériale et royale et tirer sur elles soit en rase campagne, soit par les fenêtres, portes et ouvertures de leur maison, seront punis sur-le-champ, suivant la rigueur du droit de la guerre, et leurs maisons démolies ou brûlées. »

Enfin c’est sur Paris que les plus terribles menaces étaient suspendues.

« La ville de Paris et tous ses habitants sans distinction seront tenus de se soumettre sur-le-champ et sans délai au roi, de mettre ce prince en pleine et entière liberté, et de lui assurer ainsi qu’à toutes les personnes royales, l’inviolabilité et le respect auxquels le droit de la nature et des gens obligent les sujets envers les souverains ; Leurs Majestés impériale et royale rendent