Page:Jaurès - Histoire socialiste, III.djvu/795

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ensuite de tenter une égalisation de la propriété (to attempt an equalization of property) ; car un de leurs livres assure qu’un pays ne peut pas être vraiment libre quand il y a trop d’inégalité parmi ses membres. Quelques gentlemen affectent de traiter ces choses avec mépris ; mais ce n’est pas ainsi qu’il les faut regarder. Il est vrai que les hautes classes ne sont pas contaminées par ces principes infâmes ; mais s’ils voulaient abaisser leurs yeux, ils verraient comme une sorte de feu souterrain qui peut éclater avec la plus prodigieuse violence s’il n’est pas éteint tout de suite. »

Windham reconnaît par là qu’aucune flamme de révolution n’a encore éclaté à la surface du pays ; mais c’est cette chaleur souterraine (subterranean heat), propagée de France aux couches profondes du peuple anglais, qui l’épouvante.

Le secrétaire d’État Dundas adresse le même appel aux terreurs conservatrices.

« Ceux qui se plaignent n’attendent pas le remède de la Constitution. Des doctrines d’une tout autre tendance leur ont été inculquées ; il leur a été représenté que les Parlements d’aujourd’hui, successeurs de ceux qui ne siégeaient que trois ans, avaient, de leur propre autorité, étendu leur législature à sept années, qu’ils étaient un corps entièrement corrompu, et qu’ils étaient incapables de redresser des griefs dont ils étaient pour une large part responsables. Il a été dit que le temps était venu maintenant pour le peuple d’affirmer ses droits, et de suivre l’exemple qui avait été donné par la France. L’influence de ces sentiments sur les basses classes est considérable, et beaucoup y ont adopté ce langage. Je crois que l’ensemble de la classe respectable et opulente de la communauté est entièrement libre de ces sentiments et qu’ils sont abhorrés par la nombreuse classe moyenne qui est un élément si important dans notre pays.

« Je crois que là prévaut le plus parfait attachement à la Constitution, mais en conséquence des doctrines que j’ai indiquées, les basses classes ont été imprégnées d’une idée de liberté et d’égalité qui ne dérive pas des privilèges de la Constitution. Elles aspirent à une égale part dans le gouvernement législatif du pays, d’après ce principe qu’un homme en vaut un autre, et que les revendications de tous doivent être les mêmes, puisque les droits de tous sont fondés sur la même base. Et leurs vues ne s’arrêtent pas là ; elles ne se proposent pas seulement d’abolir les distinctions de rang, elles veulent encore attaquer les droits de la propriété et instituer une division égale des biens parmi tous les membres de la communauté (invade the rights of property, and establish an equal division of possessions among all the members of the community). Une loi agraire est habituellement annoncée au peuple. Ce sont là des faits que je connais par l’observation directe et par des informations sûres, et l’on ose dire qu’il n’y a pas sujet à s’alarmer ?

« J’en appelle aux membres de cette Chambre qui viennent du pays : ils