mée du 1er bataillon du 1er régiment d’infanterie et des deux bataillons de volontaires qui sont le plus à sa portée. Supposons qu’il faille pourvoir à trois vacances de lieutenant. Un des trois postes sera donné à l’ancienneté sur toute la demi-brigade ; c’est-à-dire que si les vacances sont dans un bataillon, ce n’est pas le sous-lieutenant le plus ancien de ce bataillon, c’est le sous-lieutenant le plus ancien de toute la demi-brigade qui sera nommé. Restent deux postes à pourvoir au choix. Ici, ce sont seulement les électeurs du bataillon intéressé qui interviennent : par exemple, s’il faut nommer un lieutenant dans le deuxième bataillon de volontaires, les propositions seront faites à haute voix et sur appel nominal, par tous les sous-lieutenants, sergents-majors, sergents, caporaux fouriers, caporaux et soldats du bataillon. Mais ils pourront prendre leurs candidats parmi les sous-lieutenants de toute la demi-brigade. Et quand ces trois sous-lieutenants, candidats à la lieutenance, auront été ainsi désignés, le choix définitif sera fait sur cette liste par tous les lieutenants du bataillon.
On voit que ce système offrait aux officiers de ligne, dont la Convention voulait reconnaître la fidélité et le dévouement, des garanties très sérieuses. Ils étaient, en général, plus anciens dans leur grade que les officiers des volontaires, car ceux mêmes qui avaient été promus depuis la Révolution l’avaient été, pour la plupart, avant la fin de 1791, c’est-à-dire avant l’appel des premiers volontaires, l’émigration des officiers nobles ayant commencé bien plus tôt. Par conséquent, ils étaient assurés d’avoir d’abord à peu près le tiers des promotions réservé à l’ancienneté ; et comme l’ancienneté portait sur toute la demi-brigade, les emplois vacants même dans les deux bataillons de volontaires devaient dans une assez large mesure revenir aux officiers du bataillon de ligne. En outre, quand un officier d’un bataillon de ligne était connu par son mérite, par ses services, par son dévouement à la Révolution, les volontaires d’un bataillon voisin de la même demi-brigade étaient tout naturellement portés à l’appeler parmi eux, et à lui conférer même les grades au choix.
Observez, en outre, que dans ce système, très étudié, il y avait une combinaison très habile et un très ingénieux équilibre de l’élection par les subordonnés et de la cooptation par les égaux. Ce sont tous les subordonnés, des sous-lieutenants aux soldats, qui présentent une liste de trois noms pour un emploi de lieutenant ; et ce sont tous les lieutenants qui sur ces trois noms font un choix. Et le dernier mot, après une série déterminée d’épreuves, reste à la puissance élective, au suffrage du bataillon : en effet, quand un candidat a été présenté trois fois de suite, à une quatrième présentation il est nommé de droit. Ainsi les choix téméraires, ceux qui résulteraient de la vile complaisance de la troupe pour un chef corrupteur qui sèmerait l’argent ou flatterait l’instinct d’indiscipline, peuvent être ou écartés, ou longtemps ajournés, et cependant la volonté prolongée du soldat finit toujours par prévaloir.