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Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/373

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« La Montagne a besoin du peuple : le peuple est appuyé sur la Montagne. On cherche à nous effrayer de toutes les manières ; on veut nous faire croire que les départements méridionaux sont les ennemis des Jacobins. Je vous déclare que Marseille est l’amie éternelle de la Montagne ; qu’à Lyon les patriotes ont remporté une victoire complète.

« Je me résume et je demande : que les sections lèvent une armée suffisante pour former le noyau d’une armée révolutionnaire qui entraîne tous les sans-culottes des départements pour exterminer les rebelles ;

« Qu’on lève à Paris une armée de sans-culottes pour contenir l’aristocratie ;

« Que tous les brigands dangereux, que tous les aristocrates soient mis en état d’arrestation ; que les sans-culottes soient payés aux dépens du trésor public, qui sera alimenté par les riches et que cette mesure s’étende dans toute la République.

« Je demande qu’il soit établi des forges sur toutes les places publiques.

« Je demande que la Commune de Paris alimente de tout son pouvoir le zèle révolutionnaire du peuple de Paris.

« Je demande que le Tribunal révolutionnaire fasse son devoir, qu’il punisse ceux qui, dans ces derniers jours, ont blasphémé contre la République.

« Je demande que ce tribunal ne tarde pas à faire subir une punition exemplaire à certains généraux, pris en flagrant délit, et qui devraient déjà être jugés.

« Je demande que les sections de Paris se réunissent à la Commune de Paris et qu’elles balancent par leur influence les écrits perfides de journalistes alimentés par les puissances étrangères.

« En prenant toutes ces mesures sans fournir aucun prétexte de dire que vous avez violé les lois, vous donnerez l’impulsion aux départements qui s’uniront à vous pour sauver la liberté » (Applaudissements).

Ainsi, de même que Robespierre, tout en excitant les sans-culottes, voulait les empêcher de déclarer une guerre fondamentale à la bourgeoisie et à la propriété, il voulait tendre tous les ressorts de l’action révolutionnaire, mais sans briser la légalité. Visiblement, il a encore le désir passionné de ne pas entamer la Convention. Le peuple, avec ses comités de surveillance institués par la loi depuis le 21 mars et chargés de veiller au recrutement d’abord, puis à la levée des taxes de guerre, avec le tribunal révolutionnaire, avec les armées révolutionnaires, avec l’appui de la majorité de la Convention, pourra annihiler l’influence politique de la Gironde sans violer la représentation nationale ; seulement, pour cela, il faut qu’il use, avec une vigueur extrême, de toutes les forces qu’il a en main : il faut qu’il ne permette pas à la contre-révolution d’envahir les sections, de fausser l’outil, par excellence, de l’action révolutionnaire.