conspireront éternellement contre les Droits de l’Homme et contre le bonheur de tous les peuples. Voilà l’état où nous sommes.
« Celui qui n’est pas pour le peuple, celui qui a des culottes dorées est l’ennemi né de tous les sans-culottes. Il n’existe que deux partis, celui des hommes corrompus et celui des hommes vertueux. Ne distinguez pas les hommes par leur fortune et par leur état, mais par leur caractère. Il n’est que deux classes d’hommes, les amis de la liberté et de l’égalité, les défenseurs des opprimés, les amis de l’indigence et les fauteurs de l’opulence injuste et de l’aristocratie tyrannique. Voilà la division qui existe en France. Eh bien ! ces deux classes d’hommes doivent être séparées si l’on veut éviter la guerre civile.
« Les sans-culottes, toujours dirigés par l’amour de l’humanité, ont suivi pour règle les véritables principes de l’ordre social, n’ont jamais prétendu à une égalité de fortune, mais à une égalité de droit et de bonheur. Une partie des défenseurs du peuple s’est laissée corrompre ; moi aussi, j’aurais pu troquer mon âme contre l’opulence ; mais je regarde l’opulence, non seulement comme le prix du crime, mais encore comme la punition du crime et je veux être pauvre pour n’être point malheureux. » (Applaudi.)
Ainsi, tout en animant les sans-culottes contre les culottes dorées, Robespierre prend bien garde que la lutte sociale n’aboutisse pas à une lutte des classes systématiquement fondée sur l’opposition de la pauvreté et de la richesse.
Et ce n’est pas pour dépouiller les riches, c’est pour assurer la victoire de la démocratie et le salut de la liberté, qu’il demande, en cette crise, la primauté révolutionnaire des pauvres :
« Vous avez dans les lois tout ce qu’il faut pour exterminer légalement nos ennemis. Vous avez des aristocrates dans les sections : chassez-les. Vous avez la liberté à sauver : proclamez les droits de la liberté, et déployez toute votre énergie. Vous avez un peuple immense de sans-culottes, bien purs, bien vigoureux ; ils ne peuvent pas quitter leurs travaux, faites-les payer par les riches. Vous avez une Convention nationale : il est très possible que les membres de cette Convention ne soient pas tous également amis de la liberté et de l’égalité ; mais le plus grand nombre est décidé à soutenir les droits du peuple et à sauver la République. La portion gangrenée de la Convention n’empêchera pas le peuple de combattre les aristocrates. Croyez-vous donc que la Montagne de la Convention n’aura pas assez de force pour contenir tous les partisans de Dumouriez, des d’Orléans, de Cobourg ? En vérité, vous ne pouvez pas le penser.
« Si la liberté succombe, ce sera moins la faute des mandataires que du souverain. Parisiens, n’oubliez pas que votre destinée est dans vos mains ; vous devez sauver Paris et l’humanité ; si vous ne le faites pas, vous êtes coupables.