Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/407

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

On voit les prises terribles qu’avait la Commune et comment elle pouvait intervenir dans les sections. Comme les ennemis de la Gironde étaient en effet ceux qui poussaient le plus activement le recrutement pour la Vendée, comme ils voulaient appliquer avec vigueur l’impôt progressif pour créer des ressources en vue de la guerre, et comme, au contraire, les bourgeois modérés hésitaient, se refusaient à demi, il était facile à la Commune d’intervenir au nom de la patrie et de la liberté, et d’épouvanter ses adversaires.

Le 7 mai, les députés de la section de l’Unité reviennent à la Commune.

« Ils annoncent au Conseil général qu’ils ont fait brûler une diatribe dirigée contre le procureur de la Commune et déclarent que ce citoyen et le commandant général n’ont jamais perdu la confiance des bons citoyens de cette section.

« Le Conseil nomme des commissaires pour faire lever les scellés apposés sur le comité de surveillance de cette section, en rétablir les membres dans leurs fonctions et faire arrêter les contre-révolutionnaires.

« Un membre fait part au Conseil de ses réflexions sur l’établissement des comités révolutionnaires, qu’il regarde comme prématurés et ayant des pouvoirs trop étendus. Il désirerait qu’il fût fait une pétition à la Convention nationale pour qu’elle sanctionnât la création desdits comités.

« Un autre membre s’oppose à cette mesure. Il pense que la suprême loi, le salut du peuple, exige le maintien de ces comités qui sont les foyers du patriotisme, composés en général des citoyens les plus purs et qui se sont distingués davantage dans le cours de la Révolution. Il demande qu’il soit pris les mesures les plus rigoureuses contre ceux qui voudraient porter atteinte aux comités révolutionnaires, et même que l’on mette en état d’arrestation tous ceux qui ont osé ou qui oseraient apposer les scellés sur lesdits comités. Le Conseil adopte les propositions faites par les autres membres, et arrête qu’il sera nommé des commissaires pour la rédaction de l’arrêté. Ces commissaires sont Lubin, Millier et Louvet… (Moniteur.) »

Le 5 mai, la lutte était engagée dans la section de Bon-Conseil. « On y envoie deux commissaires pour rétablir l’union : on nomme de plus des commissaires à l’effet de se transporter aux Jacobins, à la Société fraternelle et aux Cordeliers, pour inviter les membres à se rendre dans leur section, et qu’il sera délivré des cartes de citoyen sans qu’il soit besoin de montrer une quittance d’imposition. »

Le 6 mai, Chaumette requiert « que tant que le patriotisme ne dominera pas dans les assemblées de sections, le Conseil général ne tiendra pas de séance le dimanche soir et jours d’élection dans lesdites sections ; que tous les autres corps administratifs seront invités d’agir de même afin d’augmenter dans les assemblées de section le nombre des véritables amis de la république. (Chronique de Paris.) »

La Commune concourait ainsi à assurer dans les sections la prédominance