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Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/413

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intérêts particuliers, la victoire a plané sur les armées françaises durant tout mon ministère, et l’esprit démocratique sur la grande Commune et, par influence, sur la France entière, durant toute ma mairie ; ce n’est point l’effet d’aucun don, d’aucun moyen extraordinaire, c’est uniquement par celui de mes attributions politiques, d’une détermination ferme de remplir, dans toute leur étendue, les devoirs qu’elles m’imposaient, et le secours ou de mes collègues ou des citoyens que j’avais engagés à se réunir autour de moi et qui ont bien voulu me seconder dans mes pénibles fonctions. »

L’homme qui avait une si haute idée de « la grande Commune » dont il était le chef n’aurait point consenti à la mettre à la suite d’une organisation révolutionnaire, et à jouer, par prudence, à cache-cache avec la Révolution. Il était aussi trop démocrate pour bouder à ces dévouements spontanés qui s’offraient ; et sa tactique fut de rester en communication cordiale avec tous les groupements révolutionnaires que faisait surgir la chaleur des événements, non pour limiter jalousement leur influence, mais pour réduire le plus possible les chances de conflit aveugle et pour maintenir à la Commune, discrètement et fermement, son grand rôle central et sa responsabilité. Il laissait Chaumette se répandre en propos passionnés, et parfois un peu fébriles. Lui, restait calme, vigilant et agissant.

L’organisation révolutionnaire des forces parisiennes subit d’abord un temps d’arrêt ; l’initiative de ceux qui convoquaient les sections à l’Évêché, inquiéta ou irrita beaucoup de patriotes.

Et l’assemblée électorale de Paris protesta en termes très vifs, dans sa réunion du 2 avril :

« L’assemblée électorale de Paris témoigne au Conseil (de la Commune l’indignation qu’elle vient d’éprouver, à la vue d’un rassemblement d’individus qui méconnaissent hautement la souveraineté du peuple : ils ont l’audace de se qualifier, sans pouvoir de la majorité des sections, Comité de salut public correspondant avec les départements sous la sauvegarde du peuple ; elle invite le Conseil, au nom du salut public, de dénoncer aux 48 sections l’existence de ce prétendu comité dont quelques-uns des membres actuellement rassemblés ont perdu la confiance publique, ou ne l’ont point encore méritée, entre autres le nommé Truchon, secrétaire de cette assemblée ; Grenier, clerc de procureur, mis hier en état d’arrestation aux Jacobins ; Naudrin, de la section du Panthéon-Français, accusé de soulever contre les patriotes de cette section nombre d’ouvriers qu’il égare ; cet homme a dit aux bons citoyens : « Vous êtes des patriotes de 89, mais nous vous arrangerons ; » enfin, le nommé Varlet, de la section des Droits de l’Homme, auteur de la pétition qui a provoqué toutes ces mesures fausses et perfides ; l’assemblée électorale dénonce aussi qu’à l’instant le nommé Naudrin vient de proposer à ce Comité de délibérer à huis clos, ajoutant que si, après l’invitation faite de