Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/467

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qu’ils ont de plus cher. Pour prévenir l’exécution de ces horribles projets, hâtez-vous de déclarer que les hommes suspects seront mis sur-le-champ en état d’arrestation, qu’il sera établi des tribunaux révolutionnaires dans tous les départements et dans les sections de Paris.

« Depuis longtemps, les Brissot, les Guadet, les Vergniaud, les Gensonné, les Buzot, les Barbaroux, etc., sont désignés pour être l’état-major de l’armée contre-révolutionnaire. Que tardez-vous de les décréter d’accusation ? Les criminels ne sont sacrés nulle part.

« Législateurs, vous ne pouvez refuser au peuple français ce grand acte de justice. Ce serait vous déclarer leurs complices ; ce serait prouver que plusieurs d’entre vous craignent la lumière que ferait jaillir l’instruction du procès de ces membres suspects. Nous demandons que vous établissiez, dans chaque ville des armées révolutionnaires de sans-culottes, en proportion de leur population ; que l’armée de Paris soit portée à quarante mille hommes payés aux dépens des riches, à raison de quarante sous par jour. Nous demandons que sur toutes les places publiques s’élèvent des ateliers où le fer se convertisse en armes de toutes espèces.

« Législateurs, frappez les agioteurs, les accapareurs et les égoïstes marchands. Il existe un complot affreux de faire mourir de faim le peuple, en portant les denrées à un prix énorme. À la tête de ce complot est l’aristocratie mercantile d’une caste insolente, qui veut s’assimiler à la royauté et accaparer toutes les richesses, en faisant hausser les denrées de première nécessité, au gré de sa cupidité. Exterminez tous ces scélérats ; la patrie sera assez opulente, s’il lui reste les sans-culottes et leurs vertus. Législateurs ! au secours de tous les infortunés ; c’est le cri de la nation, c’est le vœu des vrais patriotes ! Notre cœur est déchiré par le spectacle de la misère publique. Notre intention est de relever l’homme ; nous voulons qu’il n’y ait pas un malheureux dans la République. Épurez le Conseil exécutif ; chassez un Gohier, un Garat, un Le Brun, etc., renouvelez le directoire des postes et toutes les administrations corrompues.

« Il est nécessaire, s’écrie l’orateur, qu’une masse importante du peuple porte cette adresse à la Convention. Quoi ! les patriotes dorment encore et s’occupent de discussions insignifiantes, tandis que les journaux perfides provoquent ouvertement le peuple ! Nous verrons si nos ennemis oseront s’opposer à des mesures dont dépend la félicité d’une république. »

Bentabole, qui présidait, s’associa aux paroles du délégué de l’autre club :

« La Société entend, avec la plus vive satisfaction, les accents du patriotisme le plus pur, le plus ardent ; elle secondera vos efforts de tout son courage ; car elle a les mêmes principes et elle a manifesté les mêmes opinions. Quels que soient les moyens et les efforts de nos ennemis, la liberté ne périra