Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/472

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« Citoyens, leur dit-elle, la Commission extraordinaire des Douze, établie par la Convention nationale le 18 courant, a été chargée en particulier d’examiner tous les arrêtés pris depuis un mois par le Conseil général de la Commune et les sections de Paris. En conséquence, la Convention vous invite à lui renvoyer les registres contenant les arrêtés pris depuis un mois dans votre section, afin qu’elle puisse les examiner. La Commission tient ses séances permanentes, et vous recevra à toute heure. Du reste, durant tout le temps que les registres seront chez elle, ils vous seront ouverts tout le temps pour les consulter. Signé : Mollevault, président ; Henri Larivière, secrétaire. »

C’était un commencement d’information judiciaire contre tous les révolutionnaires des sections. En même temps, et pour bien marquer qu’elle était décidée à passer aux actes, la Commission des Douze lançait un mandat d’amener contre Hébert et contre Varlet. C’était confondre adroitement et solidariser la Commune et les Enragés. Marino et Michel étaient arrêtés en même temps ; Varlet et le Père Duchesne étaient donc enveloppés dans l’accusation générale de provocation au meurtre dont les propos des policiers révolutionnaires avaient fourni le thème.

Sous tous ces éclats de bombe les sections révolutionnaires ne prennent pas peur. C’est la Commune qui fut le centre d’émotion et d’action. En complétant l’un par l’autre le compte rendu donné par le Moniteur et celui de la Chronique de Paris, et en insérant des fragments du procès-verbal plus étendu qu’a consulté Schmidt, pour ses Tableaux de la Révolution française, on peut restituer la nuit du 24 au 25 mai, si ardente et agitée, où abondèrent les incidents dramatiques, les protestations pressées et véhémentes, toutes voisines de l’action.

« Un membre fait part au Conseil que la section des Champs-Élysées a fait placarder à tous les coins des rues de Paris une affiche où la municipalité est insultée ; il ajoute que ce matin on a proposé d’établir à Paris 48 municipalités. Un autre annonce que la Convention nationale a décrété que la section de la Butte-des-Moulins (section modérée) avait bien mérité de la patrie. Lubin remarque que bientôt toutes les sections auront bien mérité de la patrie et que la municipalité de Paris sera honnie de tous les départements (Lubin avait déjà donné, le 23 mai, une note pessimiste.) Garin assure que bientôt les présidents de section seront honnis à leur tour par les sans-culottes.

« Le Conseil arrête qu’aucun citoyen ne pourra entrer dans la Maison commune sans être muni d’une carte civique ou de membre du Conseil, et que les passeports ni les certificats de civisme ne pourront en tenir lieu. Il adopte l’arrêté du corps municipal, concernant les certificats de civisme et autorise les commissaires à percevoir la somme de 15 sols sur les avis des sections, et 25 sols sur les certificats de civisme pour les frais de bureau.

« Le Conseil adopte la rédaction de l’adresse qu’il doit présenter à la