Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/524

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priétés et tous les membres de cette section ont juré de mourir pour faire observer cette loi. »

Évidemment, la pensée de la section de la Cité la plus ardente de toutes, et qui avait pris l’initiative de la convocation, était commune à toutes les sections.

Il est très probable que, dans cette nuit du 29 au 30, les pouvoirs de la Commission des Six, qui s’était si hardiment jetée à l’avant-garde dès le 28, furent confirmés et sanctionnés. Il est possible aussi qu’elle ait été complétée et un peu étendue, pour mieux répondre à l’ampleur croissante du mouvement. Buchez et Roux d’abord, Schmidt ensuite, disent que ce soir du 29 mai, la réunion de l’Évêché nomma une commission de neuf membres.

Je ne puis décider, à regarder de près les textes, si c’est le 29 ou le 30. La Chronique de Paris, dans le numéro du 2 juin, où elle résume les événements du 31 mai, dit : « On a lu aux articles Convention et Commune comment s’est formée l’assemblée de l’Évêché : neuf commissaires y ont été élus et se sont transportés à la Commune qu’ils ont cassée et rétablie ». Mais on ne peut inférer de là que c’est dans la nuit du 29, et en remplacement de la Commission des Six, que cette Commission des Neuf a été nommée. Il semble même, d’après le texte de la Chronique, que ce soit une commission formée à la dernière heure, le 31 au matin, quand le tocsin sonne déjà dans Paris, et quand il faut aller à la Commune. Pache, mandé le 1er juin devant le Comité de salut public, y dit (d’après le procès-verbal) : « Depuis deux jours il s’était formé un comité révolutionnaire composé de neuf citoyens, il y fut adjoint un dixième membre ». Il y a deux jours, Est-ce le 30 ou le 29 ? Garat semble, il est vrai, plus explicite :

« Le lendemain (29 mai) entre onze heures et minuit, on vient me dire qu’une assemblée s’est formée à l’Évêché, qu’elle s’est occupée de mesures qu’elle appelait de salut public, et qu’elle venait de nommer dix commissaires. Je cours au Comité de salut public lui donner cet avertissement, et chez le maire pour l’interroger sur la nature et sur l’objet de cette assemblée. Le maire était au lit ; je le fis réveiller pour me recevoir. Par quels hommes cette assemblée de l’Évéché était-elle composée ? Quelle était leur mission ? De qui l’avaient-ils reçue ? Que pouvaient être ces hommes qui, à côté de la Convention nationale et de ses comités, à côté du Conseil exécutif du département, de la Commune et des sections, s’enquéraient des moyens de salut public ? Tout ce que le maire put répondre à ces questions, c’est que l’assemblée de l’Évêché était un composé de membres du corps électoral, de membres de sociétés populaires et de commissaires de plusieurs sections ; mais il m’assura, et du ton d’un homme qui le savait avec certitude, que cette assemblée, qui lui donnait aussi des inquiétudes, s’était elle-même reconnue et déclarée incompétente pour prendre aucune mesure d’exécution, qu’elle ne se considérait que comme une réunion de citoyens occupés ensemble de la