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Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/691

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Droits de l’Homme. Il proclame l’égalité complète comme une suite des premières lois d’égalité :

« Pendant qu’on travaillait à l’impression de cet ouvrage, l’Assemblée nationale s’est occupée de la propriété des riches. Elle a décrété l’égalité de partage entre tous les enfants dans les successions ab intestat. C’est déjà un pas de fait, mais ce ne peut être qu’un essai et une préparation à une grande et universelle justice. Il reste maintenant à s’occuper de la propriété des pauvres et de l’égalité de partage entre tous les citoyens qui sont aussi des frères, membres de la même famille, et ayant tous les mêmes droits au commun héritage. Ce décret ne sera pas aussi facile à obtenir et à faire exécuter que le premier ; mais on vient à bout de tout ce qui est juste, il n’est besoin que de patience et de courage. Il faut d’abord bien examiner la question, se familiariser avec ce qu’elle peut avoir de dur en apparence, bien se persuader avec MM. Price et Priestley et quelques autres bons esprits de France et d’Angleterre, que les sociétés peuvent arriver à un degré de perfection dont notre imagination ne devinait même pas la possibilité, que nous touchons enfin à cette fameuse époque, et laisser faire le reste au temps et à l’opinion. Ils se chargeront bientôt, l’un, de dicter une loi qu’il faut porter, et l’autre, d’en assurer paisiblement l’exécution. » (Voyez l’ouvrage de M. Price, intitulé : Observation on the importance of the American Revolution and the means of making it a benefit to the world, traduit et annoté par M. de Mirabeau, à la suite de ses considérations sur l’ordre de Cincinnatus.)

Je lis dans l’avertissement :

« En établissant pour chaque homme un droit inaliénable à la propriétaire, il ne sera pas difficile de trouver la solution de ce problème dont on ne s’est pas assez occupé, et d’où dépend cependant le sort de l’espèce humaine : trouver l’art de procurer aux sociétés et à chaque individu la mesure de bonheur dont l’un et l’autre sont susceptibles, de manière que la prospérité générale ne soit que le résultat de la félicité particulière.

« Quelque sévère que paraisse la loi que je réclame, elle est fondée sur les droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Elle est une conséquence immédiate de la déclaration décrétée par l’Assemblée nationale et sanctionnée par le roi…

« Je ne suis pas éloigné de croire que dans l’état où les sociétés sont parvenues, il serait peut-être plus prudent, après avoir admis et consacré le principe, d’en reculer l’application à la génération prochaine, par la voie des successions. »

Et voici la critique hardie du « droit de propriété » :

« Il est enfin question du bonheur de l’homme, de sa dignité, de ses droits, de sa destinée sur cette terre qu’il fertilise, qu’il embellit, où la nature veut qu’il soit partout libre et maître, et où partout il était esclave, dépouillé et avili. Depuis un petit nombre d’années, les méditations de tous les