Constitution où ne figuraient pas les garanties économiques et sociales qu’il avait voulu y faire inscrire en avril. Mais surtout qu’allait devenir la France révolutionnaire si les Girondins fugitifs et qui essayaient dans l’Ouest, dans l’Est, dans le Nord, de fomenter la guerre civile, pouvaient dire aux départements :
« Vous voyez bien que la Constitution qu’on vous annonce pour vous ramener n’est qu’un leurre, puisque Paris même ne l’accepte pas. Et comme nous avions raison de dénoncer l’anarchie parisienne, puisque la Montagne qui nous a proscrits ne trouve pas grâce devant le peuple pour le projet de Constitution voté par elle ! »
Justement, comme si elles avaient donné à la pensée de Jacques Roux une brutale interprétation, les femmes, les blanchisseuses, faisaient, le 27 juin, « l’émeute du savon ». Elles descendaient au quai de la Grenouillière et se distribuaient le chargement de plusieurs bateaux. Et affectant de confondre les théories de Jacques Roux qui devaient être sanctionnées par des lois, avec l’excitation au pillage, les Jacobins disaient : « Jacques Roux fait le jeu de Roland ; il veut justifier les circulaires diffamatoires de l’ancien ministre. »
C’est devant les Jacobins que Robespierre porta le procès, comme Jacques Roux l’avait porté devant les Cordeliers. Il fut véhément et âpre.
« On trame de nouveaux complots contre la liberté. On calomnie les Jacobins, la Montagne, les Cordeliers, les vieux athlètes de la Révolution, ceux qui en ont essuyé toutes les fatigues, sans cesser un moment de combattre pour elle. Un homme couvert du manteau du patriotisme, et que le peuple a cru digne d’en être l’interprète, insulte à la majesté de la Convention nationale. Cet homme qui se vante d’aimer le peuple plus que nous, ameute des citoyens de tout état contre la Constitution, sous prétexte qu’elle ne contient pas de lois contre les accapareurs ; et d’après ce principe, il faut conclure implicitement qu’elle ne convient pas au peuple pour lequel elle a été faite.
« Les hommes qui aiment le peuple sans le dire, et qui le prouvent sans chercher à le mettre en évidence, ne tiendront jamais un pareil langage. Ils sentent combien ont fait pour le peuple ceux qui ont coopéré à ce grand œuvre de la Constitution. On ne parlerait plus de cet intrigant, si s’en tenant à la réception que lui a faite l’assemblée, lorsqu’il a lu son adresse, il eût gardé le silence ; mais on assure que le lendemain il s’est présenté aux Cordeliers, ce lieu sacré que redoutent tous les patriotes de fraîche date, ce lieu que n’osent aborder tous ceux dont la vertu est encore chancelante, et que là, dans une adresse, appuyée, dit-on, par de bons patriotes, il a osé retracer le tableau de ses insolences, et renouveler ses injurieuses interprétations. Il n’est aucun de ceux qui siègent dans cette assemblée qui n’ait été dénoncé comme l’ennemi du peuple le plus acharné à sa ruine. Enfin, cet