Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/794

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6 octobre 1789, assises, comme elles étaient alors, sur leurs talons ; les unes portaient des branches d’arbres, les autres des trophées, signes non équivoques de la victoire éclatante que ces courageuses citoyennes remportèrent sur les serviles gardes du corps. Là elles ont reçu des mains du président de la Convention nationale une branche de laurier ; puis, faisant tourner leurs canons, elles ont suivi en ordre la marche, et, toujours dans une attitude fière, elles se sont réunies au Souverain.

« Sur le monument, il y avait des inscriptions qui retraçaient ces deux mémorables journées ; les harangues d’allégresse, les salves d’artillerie se renouvelaient à chacune des portes.

troisième station

« Sur les débris évidents de la tyrannie était élevée la statue de la Liberté dont l’inauguration s’est faite avec solennité : des chênes touffus formaient autour d’elle une masse imposante d’ombrage et de verdure ; le feuillage était couvert des offrandes de tous les Français libres. Rubans tricolores, bonnets de la liberté, hymnes, inscriptions, peintures, étaient le fruit qui plaît à la déesse ; à ses pieds était un énorme bûcher avec des gradins au pourtour. C’est là que, dans le plus profond silence, étaient offerts en sacrifice expiatoire les imposteurs attributs de la royauté ; là, en présence de la déesse chérie des Français, les quatre-vingt-six commissaires, chacun une torche à la main, s’empressaient à l’envi d’y mettre le feu. La mémoire du tyran a été dévouée à l’exécration publique ; et aussitôt après, des milliers d’oiseaux rendus à la liberté, portant à leur cou de légères banderoles, ont pris leur vol rapide dans les airs, et portaient au ciel le témoignage de la liberté rendue à la terre.

quatrième station

« La quatrième station s’est faite sur la place des Invalides ; au milieu de la place, sur la cime d’une montagne, a été représenté en sculpture, par une figure colossale, le Peuple français, de ses bras vigoureux rassemblant le faisceau départemental ; l’ambitieux fédéralisme sortant de son fangeux marais, d’une main écartant les roseaux, s’efforce de l’autre d’en détacher quelques parties ; le Peuple français l’aperçoit, prend sa massue, le frappe et le fait rentrer dans ses eaux croupissantes, pour n’en sortir jamais.

cinquième station

« Enfin la cinquième et dernière station a eu lieu au Champ-de-Mars. Avant d’y entrer on a rendu hommage à l’égalité, par un acte authentique et nécessaire dans une république ; on a passé sous ce portique dont la nature