tions agricoles et industrielles, formées non plus seulement entre ouvriers, mais aussi entre ouvriers et patrons. La proposition, modifiée par le Comité du travail, avait été en son nom présentée par Corbon dans le fort du combat, le 23 Juin. Écartée par la question préalable, elle revint amendée le 5 Juillet et fut acceptée. Les trois millions étaient tout entiers réservés aux deux sortes d’associations de production (ouvrières et mixtes). Ils devaient être répartis sous forme de prêts, dont un Conseil d’encouragement, nommé par le Ministre, devait régler les conditions. Cela semblait très large. On dispensait ces Sociétés de tous frais d’enregistrement pour les actes relatifs à leur constitution. On leur accordait même, quelques jours plus tard, la faveur, non seulement d’être admises sans cautionnement[1] à l’adjudication et à la
concession des travaux publics, mais d’avoir la préférence à égalité de rabais
sur les entrepreneurs. Toutefois ces cadeaux de l’État étaient, en réalité,
payés assez cher, si bien que plusieurs associations les refusèrent. Outre que
le chiffre total de la subvention était fort maigre, si on le compare aux 30
millions qui avaient été mis à la disposition des patrons après 1830, l’intérêt
de l’argent prêté montait, tout compte fait, à 6 0/0 ; car on ne voulait plus (au
contraire) donner un avantage à ces associations sur les entreprises individuelles. Corbon, dans son rapport du 4 juillet, avait déclaré qu’elles
devaient être soumises aux conditions de la concurrence et il avait fait une
allusion assez aigre à « certaines doctrines qui, sous des formes austères et
en affectant le langage du dévouement et de l’amour, ne font appel qu’à
l’égoïsme. » Il conservait l’espérance de voir les salariés se transformer en
associés ; mais ils devaient y arriver par leurs propres efforts ; l’aide de
l’État n’était plus qu’un appoint secondaire. Bref, une conception presque
toute individualiste prenait la place d’une conception socialiste.
Si le secours de l’État était singulièrement réduit, il en était tout autre-
- ↑ Le cautionnement était remplacé par une retenue d’un dixième sur le paiement qui devait être effectué tous les quinze jours.