nent que des navires allèrent chercher à Brème, amassant armes, approvisionnements, vêtements, réunissant la flotte qui devait successivement transporter sur nos côtes de l’Ouest trois armées à la tête desquelles s’engageait à se mettre le comte d’Artois ; tandis que Wickham préparait la trahison à Paris, l’envahissement de la Franche-Comté par l’armée du prince de Condé, un soulèvement dans le Midi et à Lyon, des bandes royalistes se formaient en Auvergne, dans le Gard et dans le Jura, qui, pour s’entretenir la main, dévalisaient les diligences. Dans l’ouvrage cité au début de ce chapitre, Nodier (t. Ier, p. 272) constate l’existence des « voleurs de diligences », après avoir un peu plus haut (p. 268) limité leur rôle de la manière suivante : « on organisa donc des bandes ou des compagnies chargées de l’enlèvement des recettes et de l’attaque des transports de fonds publics » ; et il donne pour excuse que « il arrivait bien de l’étranger quelques grosses sommes chez les caissiers patentés de la bonne cause, mais elles n’en sortaient guère ». Telle est, même entre eux, l’honnêteté des honnêtes gens.
En Bretagne et en Vendée les chefs, tenus au courant de ce qui se tramait en Angleterre, continuaient de plus belle leurs manœuvres fourbes ; vols et assassinats n’avaient jamais cessé. Malgré les avertissements des républicains sincères, les comités de Paris s’obstinaient à être dupes des mensonges de Cormatin qui mangeait impartialement l’argent de la faction espagnole, l’argent de la faction anglaise et les fonds de la Convention, lorsque, le 4 prairial (23 mai), fut arrêté à Ploërmel un courrier expédié à Grand-Champ (Morbihan) où avait été convoquée une assemblée de chefs royalistes. Ce courrier était porteur d’instructions de Cormatin au comte de Silz pour engager les chefs à ne pas se démasquer jusqu’au moment prochain d’une action générale de tous les royalistes de France. Jugeant la situation grave, les représentants faisaient, le surlendemain 6 prairial (25 mai), arrêter à Rennes Cormatin et son état-major. Conduit à l’île Pelée, près de Cherbourg, et transféré à Paris le 11 thermidor (29 juillet), il était, le 28 frimaire an IV (19 décembre 1795), condamné à la déportation, puis ramené à l’île Pelée où il se trouvait encore au commencement de 1800. Le 7 prairial (26 mai), des bandes de Chouans reprenaient ouvertement les hostilités ; mais, le 9 (28 mai), des troupes de l’armée des côtes de Brest occupaient le bourg de Grand-Champ, les rebelles durent fuir et le comte de Silz fut tué. Hoche qui, depuis le 28 germinal (17 avril), n’avait conservé que le commandement de l’armée des côtes de Brest, et le général Aubert du Bayet, son successeur à la tête de l’armée des côtes de Cherbourg, eurent, dès le début de prairial (fin de mai), à lutter d’une façon permanente contre les Chouans. Hoche divisa ingénieusement son armée en trente-deux colonnes mobiles qui dispersèrent les rassemblements et empêchèrent leur concentration. À la suite d’une de ces rencontres, Boishardy gravement blessé s’acheva d’un coup de pistolet. Se prétendant « affligés de la rupture avec les Chouans » (Chassin, Les Pacifications de l’Ouest, t. Ier,