Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/129

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23 (10 août), la réponse du comité de salut public : celui-ci n’accordait pas d’armistice, se déclarait prêt à entamer des négociations directes pour la paix et envoyait à Bâle un de ses membres, Reubell, qui arriva le 29 (16 août). L’accord ne put se faire ; quant aux petits États allemands, s’ils avaient tous des intentions pacifiques, ils n’osaient se prononcer entre la Prusse et l’Autriche, et, seul, le landgrave de Hesse-Cassel signa la paix le 11 fructidor (28 août) ; ordre fut donné de pousser vivement les opérations militaires.

Wurmser avait été chargé, le 30 juillet, du commandement de l’armée autrichienne du Haut-Rhin, des environs de Bâle au delà de Mannheim : il avait en face de lui Pichegru. Clerfayt, avec l’armée du Bas-Rhin, était, de Bingen à Düsseldorf, opposé à Jourdan. L’armée de Sambre-et-Meuse passait le Rhin, occupait Düsseldorf (20 fructidor an III-6 septembre 1795) et, en deux semaines, parvenait sur la Lahn. Jourdan descendait, le 1er vendémiaire an IV (23 septembre), dans la vallée du Mein et, le 4 (26 septembre), Mayence était complètement investie, sur la rive gauche par le général Schaal, sur la rive droite par Kleber. Afin de ne pas se dénoncer lui-même, Pichegru avait dû, à son tour, se décider à avancer ; ayant atteint Mannheim, il commençait le bombardement lorsque la place se rendit le 4e jour complémentaire de l’an III (20 septembre). Il aurait pu, il aurait dû, dès le lendemain, poursuivre l’offensive, s’assurer d’Heidelberg, séparer les deux armées ennemies et, après avoir joint Jourdan, les écraser successivement. Mais le traître, préoccupé avant tout de tirer de la situation le meilleur profit personnel, n’avait pas renoncé aux projets interrompus et, tout en sauvegardant les apparences, il tenait à ne pas s’éloigner. Il engagea donc deux divisions seulement contre des forces très supérieures, préméditant leur écrasement pour avoir, sans se compromettre encore, un prétexte à reculer. Le général Dufour était, en effet, battu le 2 vendémiaire (24 septembre) et fait prisonnier ; ce fut Clerfayt qui conserva Heidelberg, ce furent les armées autrichiennes qui opérèrent leur jonction. Wurmser arriva près de Mannheim et permit à Clerfayt de réunir toutes ses forces contre l’armée de Sambre-et-Meuse. Jourdan dut se résoudre à la retraite. Elle commença le 20 vendémiaire (12 octobre) ; après une série de difficultés, la droite avec Kleber ayant pu repasser le Rhin à Neuwied et la gauche avec Jourdan à Düsseldorf, l’armée s’établit derrière le Rhin. Le 26 (18 octobre), Wurmser avait forcé les troupes de Pichegru à se réfugier sous Mannheim et ce dernier, qui y avait son quartier général, écrivait à Jourdan pour lui demander des renforts. Des 8 000 hommes environ envoyés, la moitié arriva les 5 et 6 brumaire (27 et 28 octobre) ; mais cela n’empêcha pas, le 7 (29 octobre), Clerfayt de mettre en déroute les troupes qui assiégeaient Mayence sur la rive gauche et de débloquer la place. De son côté, Wurmser multipliait, en brumaire (premiers jours de novembre), les attaques contre les troupes réunies sous Mannheim et les obligeait à s’éloigner.