Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

admis comme général de brigade le 28 pluviôse an II (16 février 1794) ; elles lui valurent aussi, après le 9 thermidor, une arrestation pendant laquelle il écrivait : « J’ai été un peu affecté de la catastrophe de Robespierre le jeune que j’aimais et que je croyais pur ; mais, fût-il mon père, je l’eusse poignardé moi-même s’il aspirait à la tyrannie » (Iung, Idem, t. II, p. 455). Assez vite relâché, grâce probablement à l’intervention de Barras auprès de qui il fit agir, il reprit ses fonctions. Mais, le 7 germinal an III (27 mars 1795), Lacombe Saint-Michel, membre du comité de salut public, lui faisait donner l’ordre « de se rendre sur-le-champ à l’armée de l’Ouest pour y commander l’artillerie » (Idem, p. 475). Le 21 floréal (10 mai), il était à Paris et, au lieu de gagner son poste, se faisait octroyer un congé auquel, le 25 prairial (13 juin), Aubry, qui avait alors la haute main comme membre du comité de salut public sur la direction de la guerre, voulut mettre fin en l’envoyant dans l’Ouest en qualité de général de brigade d’infanterie, ce qui était une sorte de disgrâce. N’ayant pu réussir à faire rapporter cette décision, il allégua des raisons de santé et, grâce à un certificat de complaisance, resta à Paris. Le 4 fructidor (21 août), il était appelé au Bureau topographique chargé de la préparation des plans de campagne, par Doulcet de Pontécoulant qui avait remplacé Aubry et qui fut, à son tour, remplacé par Le Tourneur. Celui-ci ordonna à Bonaparte de rejoindre le poste qui lui avait été assigné en Vendée et, sur son refus, le raya, le 29 fructidor (15 septembre), « de la liste des officiers généraux employés » (Idem, t. III, p. 74). Il n’avait pas cessé de fréquenter Barras et songeait à aller en Turquie se mettre au service du sultan, lorsque les événements du 12 vendémiaire lui permirent de rentrer dans l’armée.

Le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), Bonaparte ne fut officiellement que l’auxiliaire de Barras choisi par ce dernier ; il exerça en fait les fonctions de commandant en second et se consacra à sa besogne avec activité. Grâce à la présence d’esprit d’un général autre que Bonaparte (Idem, t. III, p. 93), le chef d’escadron Murat avait reçu, dans la nuit, l’ordre d’aller avec ses cavaliers chercher au camp des Sablons 40 pièces de canon qui y étaient restées ; à six heures du matin, une heure après le choix de Bonaparte par Barras, les canons entraient aux Tuileries. Bonaparte ne fortifia pas le palais lui-même, mais ses environs, plaça des canons aux divers débouchés et concentra ses forces sur les points les plus importants.

De leur côté, les sections bourgeoises et l’état-major royaliste qui les poussait, se préparaient à la lutte. Le commandement en chef avait été attribué au général de brigade, récemment démissionnaire, Danican dont Hoche disait, le 25 pluviôse an III (13 février 1795), dans une lettre au général Krieg : « Danican est le plus mauvais sujet que nous connaissions ; méprisez-le, en attendant son successeur » (Rousselin de Saint-Albin, Vie de Lazare Hoche, t. II, p. 135). On lui donnait pour seconds le comte de Maulevrier, officier vendéen, et La-