Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/206

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renoncer à exiger d’eux la rétribution scolaire prescrite par la loi » (Histoire de l’enseignement secondaire dans le Rhône de 1790 à 1900, par Chabot et Charléty, p. 43). Le commissaire du gouvernement, en l’an VII, fut particulièrement enchanté du cours de législation qui réunit cette année-là 27 élèves en dehors des auditeurs libres. À côté de cette école centrale, « continuaient de vivre les maisons particulières d’éducation… L’incivisme, d’ailleurs, était fréquent dans ces maisons privées » (Ibidem, p. 47).

Celle de Seine-et-Oise, ouverte à Versailles le 1er messidor an IV-19 juin 1796 Mémoires de la Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise, t. XIX, p. xii. étude de M. E. Coüard), paraît avoir été assez fréquentée. Pendant toute sa durée, elle compta, au nombre de ses professeurs, Pierre Dolivier, ancien curé de Mauchamps, près de Chamarande (Seine-et-Oise), dont Jaurès a déjà parlé (t. II, p. 1098 et t. IV, p. 1646-1658 ; voir aussi mes chap. xiii et xxi). Une lettre du « jury central d’instruction publique » (Archives de Seine-et-Oise, L1T) du 18 prairial an IV (6 juin 1796) informait le département du choix de Dolivier pour la chaire d’histoire, et ce choix était approuvé par arrêté de l’administration le 28 prairial (16 juin). Dans une brochure adressée, au début de l’an V (octobre 1796), « aux pères et mères de famille » et contenant le programme des cours, nous voyons que Dolivier « exposera les faits historiques, en présentera la critique et enseignera l’art de les mettre à profit. En suivant le sort des peuples tant dans l’histoire ancienne que dans l’histoire moderne, il tâchera d’en observer les diverses physionomies d’après l’influence des gouvernements, des opinions religieuses, des climats et du sol des diverses contrées. Rien de ce qui a rapport à l’industrie, aux progrès des connaissances humaines, ne sera oublié ». Ce projet un peu ambitieux montre tout au moins chez ce précurseur du socialisme une conscience assez nette de l’influence des milieux et, en particulier, du milieu économique. Le 8 fructidor an XII (26 août 1804), à la dernière distribution des prix de l’école centrale qui allait être transformée en lycée où ne passa pas Dolivier, celui-ci, chargé du discours, fit l’éloge de l’instruction et de la philosophie.

Dans la Haute-Vienne, l’administration centrale du département arrêta, le 1er fructidor an IV (18 août 1796), l’organisation de l’école centrale et, le 15 ventôse an V (5 mars 1797), elle procéda à l’ouverture de l’école à Limoges dans les bâtiments de l’ancien collège (L. Tiffonnet, Notice sur l’école centrale de la Haute-Vienne). On signale toujours, lorsqu’on parle du Directoire, et j’ai signalé moi-même des retards dans le payement de fonctionnaires et de services publics ; mais il semble qu’il ne faudrait pas, sans preuve certaine, trop généraliser les cas observés. Nous voyons, par exemple, dans l’étude précédente (p. 4), que si, en l’an VI (1797-98), les professeurs ne touchèrent que 1 500 francs, considérés, d’ailleurs, seulement comme acompte, au lieu de 2 000, le budget de l’école fut dans la suite payé plus régulière-