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ment : en l’an VII (1798-99), le crédit accordé fut de 30 700 francs et les dépenses ne s’élevèrent qu’à 21 900 francs ; il semble même que l’arriéré fut peu à peu remboursé.

Dans l’Yonne, à l’école centrale d’Auxerre, conformément à une circulaire du ministre de l’Intérieur du 20 brumaire an VII (10 novembre 1798), était ouvert, le 1er floréal (20 avril 1799), un cours de bibliographie fait par le bibliothécaire de l’école, Laire (Le Bibliographe moderne, mars-juin 1899, p. 113).

Si, dans quelques villes, ces écoles réussirent, elles échouèrent généralement contre la concurrence des établissements privés que le clergé, — ainsi le célèbre Loriquet, en compagnie d’un certain Jacquemart, ouvrit un pensionnat à Reims en 1799 — s’était, de même que pour l’enseignement primaire, hâté d’organiser plus ou moins ouvertement avec de plus grandes commodités pour la masse des parents aisés. Ce qui contribua aussi beaucoup à leur échec, c’est qu’à la suite des attaques et des menaces dont elles furent l’objet, au Conseil des Cinq-Cents, de la part des réactionnaires, par exemple le 12 prairial an V (31 mai 1797) et le 6 brumaire an VI (27 octobre 1797), on ne croyait pas à leur durée. Peut-être, en outre, l’enseignement, malgré son but pratique, n’était-il pas suffisamment adapté à l’âge des enfants.

Une question qui se posa incidemment à propos d’une école centrale, montre que les législateurs de cette époque n’étaient pas partisans de l’égalité des sexes : la citoyenne Quévanne ayant, par voie de pétition, demandé au Conseil des Cinq-Cents d’occuper une place de professeur de dessin à l’école centrale de Chartres, vit, dans la séance du 22 floréal an IV (11 mai 1796), bien que le rapport de la commission lui fût favorable, sa demande repoussée par la question préalable. Cependant, à ce point de vue, je signalerai, d’après le Moniteur du 6 germinal an VII (26 mars 1799), qu’un citoyen prévenu d’émigration put être défendu « par son épouse » devant la commission militaire de la 17e division — et fut acquitté.

Il ne fut rien institué pour les filles par l’État, et l’enseignement secondaire ne se donnait que dans des écoles libres dont le Patriote français du 29 brumaire an VI (19 novembre 1797) cité dans le recueil de M. Aulard (t. IV, p. 460), disait, en attirant l’attention des administrateurs sur ces « écoles de jeunes filles, qu’on appelle toujours des demoiselles, car on lit encore, au-dessus des maisons où on les instruit, Éducation des jeunes demoiselles : Ils verront combien il existe de nichées de ci-devant religieuses qui se chargent d’en faire des bigotes. Eh ! comment veut-on qu’elles élèvent leurs enfants, quand elles seront devenues mères, si on laisse à de vieilles fanatiques le soin exclusif d’endoctriner cette portion intéressante de la société ? » Une des premières écoles libres pour les filles avait été le pensionnat fondé, en 1795, à Saint-Germain-en-Laye, par Mme Campan. Antérieurement, le Moniteur du