Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/208

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29 frimaire an III (19 décembre 1794) avait publié le « prospectus d’un lycée pour les jeunes personnes » ; cette tentative n’avait en vue qu’un maximum de « vingt élèves », qui, « moyennant des arrangements particuliers », pouvaient être pensionnaires.

Pour l’enseignement supérieur, on a vu tout à l’heure, à propos de l’enseignement secondaire, que la loi du 15 septembre 1793 n’avait pas été exécutée. Dès lors, les anciennes facultés avaient eu la possibilité légale de subsister ; subsistèrent tout au moins les trois facultés de médecine de Paris, de Montpellier et de Strasbourg, comme le prouvent les articles 2 et 8 d’une loi du 14 frimaire an III (4 décembre 1794), et l’école de médecine de Caen, d’après un rapport de Fourcroy, loi et rapport dont il sera question plus loin. En fait les plans généraux, élaborés pour l’enseignement supérieur, ne furent pas appliqués, pas plus le système plus ou moins méthodique de la loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795) que celui de la loi du 15 septembre 1793, et on s’en tint dans la pratique aux écoles spéciales instituées sous le coup de la nécessité.

La première de ces écoles décidée par la Convention si, dans un autre ordre d’idées, on excepte l’Institut de musique, fut, le 21 ventôse an II (11 mars 1794), une « École centrale des travaux publics » destinée à fournir des ingénieurs civils et militaires. Cette école ne fut cependant créée qu’après l'École de Mars conçue, dès le principe, comme ne devant avoir qu’une existence éphémère : décrétée, en effet, le 13 prairial an II (1er juin 1794), après un rapport (de Barère disant que le principe de la Révolution était « de tout hâter pour les besoins », elle le fut pour une durée très courte, puisque le camp où on l’installait dans la plaine des Sablons devait, à l’entrée de la mauvaise saison, être levé et que les élèves devaient rentrer chez eux. Elle fut dissoute le 2 brumaire an III (23 octobre 1794). Cette école, de même que l’École normale, sortit de cette volonté exprimée, le 29 floréal an II (18 mai 1794), par le comité d’instruction publique de « propager l’instruction publique sur le territoire entier de la République par des moyens révolutionnaires semblables à ceux qui ont déjà été employés pour les armes, la poudre et le salpêtre » (Procès-verbaux du comité d’instruction publique de la Convention nationale, publiés par M. James Guillaume, t. IV, p. 451).

L’École de Mars ne visait pas, même exceptionnellement, à fabriquer des officiers professionnels ; mais, ainsi que le dit, à la séance du 2 brumaire an III, à l’occasion de sa clôture, Guyton de Morveau : « Une des vérités les plus importantes qui se trouve acquise, ou plutôt confirmée, par les essais faits à l’École de Mars, c’est que tout soldat, soit d’infanterie, soit même de cavalerie et d’artillerie, peut apprendre, en moins de trois mois, le maniement des armes et toutes les parties de son service, de manière à exécuter en corps nombreux toutes les manœuvres avec une grande précision ». Une tentative du même genre fut la loi du 11 nivôse an III (31 décembre