Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/224

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de nouveau, à ce moment, sans succès d’ailleurs, à répandre contre les ravages de la variole le procédé de la variolisation, de l’inoculation du pus variolique aux gens bien portants à qui la variole ainsi donnée épargnait, croyait-on, le formes graves de la maladie. Dans la Décade philosophique (t. XI) du 10 brumaire an V (31 octobre 1796) un citoyen allait jusqu’à proposer au gouvernement d’ordonner que tous les enfants seraient inoculés de la sorte avant un âge déterminé et, en l’an VII (1799), les élèves du Prytanée dont j’ai parlé §4 subissaient cette inoculation (recueil d’Aulard, t. V. p. 505) avec le consentement préalable de leurs parents. Or, quelques mois avant, le 14 mai 1796, Jenner avait pratiqué sa première vaccination et, en 1798, il rendait publique sa découverte de l’inoculation de la vaccine ou cowpox — maladie éruptive de la vache — comme préservatif de la variole Le n° du 10 ventôse an VII (28 février 1799) de la Décade philosophique (t. XX) relata la belle découverte de Jenner.

Lors de la fondation du Muséum d’histoire naturelle, une chaire de zoologie, celle de la zoologie des animaux inférieurs (insectes et vers), avait été donnée à Lamark. Presque exclusivement botaniste, celui-ci, à cinquante ans, se mit vaillamment au travail ; il ne s’occupa pas des insectes et ouvrit son cours sur les êtres jusque-là les plus dédaignés : il imagina la grande division des animaux en vertébrés et invertébrés, et continua pendant des années le groupement des faits qui le conduisit à affirmer que les formes actuelles ne sont que la transformation de celles ayant vécu antérieurement et qui fit de lui le créateur scientifique du transformisme. Cuvier était, en 1795, au Muséum, adjoint au professeur d’anatomie comparée, science qu’il devait porter si haut, tout en la subordonnant à ses idées erronées sur la fixité des formes vivantes. Le 1er pluviôse an IV (21 janvier 1796), son travail sur les éléphants fossiles jeta véritablement les premières hases scientifiques de la paléontologie. En 1798, son Tableau élémentaire de l’histoire naturelle des animaux présentait déjà d’importants essais de classification commencés dans un mémoire lu le 21 floréal an III (10 mai 1795) sur les animaux dits « à sang blanc ». En 1796, le Précis des caractères génériques des insectes disposés dans un ordre naturel, de Latreille, apporta plus de méthode dans l’entomologie. En 1798, Lacépède entamait la publication de son Histoire naturelle des poissons.

En botanique, nous trouvons de Desfontaines, outre son cours du Muséum, le premier volume de sa Flore du Mont Atlas (1798) écrit en latin conformément à la triste passion — persistante des botanistes pour le latin de cuisine. Il y eut aussi, sur la chaîne des Pyrénées au double point de vue botanique et géologique, divers travaux de Ramond, qui occupait depuis le 30 messidor an IV (18 juillet 1796) la chaire d’histoire naturelle à l’École centrale de Tarbes, et qui fit, en l’an V (1797), deux voyages au Mont Perdu.

René-Just Haüy, le frère de Valentin, continuait ses belles études sur les