Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/225

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cristaux ; il montrait, mais d’une façon trop absolue, les relations intimes existant entre la composition chimique des corps et la structure de leurs cristaux élémentaires, et préparait son Traité de minéralogie.

En 1797, paraissait le Mémoire sur les dunes de Brémontier qui avait réussi à fixer les sables des landes de Gascogne par des semis de pins maritimes. La même année, rentrait en France le naturaliste La Billardière ; l’expédition de d’Entrecasteaux avec laquelle il était parti à la recherche de La Pérouse, avait échoué à cet égard, mais elle avait accompli des explorations utiles pour la géographie et la navigation, et recueilli une foule de documents intéressants pour l’histoire naturelle. En 1797, Milet-Mureau donnait, d’après le journal de La Pérouse, une relation du voyage de celui-ci autour du monde.

Toute la philosophie de cette époque se rattachait à la doctrine de l’origine matérielle des idées exposée par Condillac que, parfois même, elle dépassait ; tel a été le cas pour les mémoires lus, en l’an IV, à l’Institut par Destutt de Tracy, étudiant la faculté de penser, et par Cabanis. Celui-ci, en 1796, communiqua six des douze mémoires qui constitueront, en 1802, son Traité du physique et du moral de l’homme : considérations générales sur l’étude de l’homme et sur les rapports de son organisation physique avec ses facultés intellectuelles et morales, histoire physiologique des sensations, de l’influence des âges, des sexes, des tempéraments sur les idées et les affections morales. Il a eu le grand mérite de faire de la psychologie sans métaphysique, en physiologiste, et d’aborder, le premier, ce sujet dans son ensemble ; s’il a commis des erreurs comme c’était inévitable, il n’en a pas moins fait œuvre d’incontestable science. Cela ne devait pas l’empêcher de devenir un des complices de Bonaparte lors du coup d’État du 18 brumaire. De telles aberrations ne sont pas rares chez les savants : sortis de leur domaine propre, où ils se montrent d’une rigueur scrupuleuse, ils sont par ailleurs, au point de vue intellectuel ou moral, trop souvent dénués de sens critique ou de conscience.

Dans son Origine de tous les cultes (1795), dont il publia un abrégé l’année suivante, Dupuis chercha à établir que l’adoration du soleil et des astres était la source commune des diverses traditions religieuses.

Professeur d’arabe à l’École des langues orientales, Silvestre de Sacy donnait, en 1797, la traduction française du remarquable Traité des monnaies musulmanes de Makrizi.

Dans la séance de la Convention du 26 brumaire an III-16 novembre 1794, on voit que « le citoyen Delormel fait hommage d’un ouvrage qui a pour titre Projet de langue universelle ».

La littérature proprement dite est bien loin d’avoir eu un éclat comparable à celui des sciences. C’est qu’au lieu de marcher de l’avant comme celles-ci, et de chercher à penser par elle-même, elle se tourna surtout vers le passé et n’aboutit qu’à une pâle imitation de genres plus ou moins