Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/247

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et le Directoire avaient de plus en plus tendu à lui substituer en tous ordres le système de l’entreprise, et cette substitution était à peu près achevée dès le milieu de l’an VI (1798). En dehors des établissements militaires, je citerai à cet égard, comme exemple, les salines de l’Est qui, exploitées depuis plusieurs années en régie, étaient, le 28 brumaire an VI (18 novembre 1797), en vertu d’un arrêté du Directoire du 22 brumaire (12 novembre), et après discussion, en l’an IV et en l’an V, favorable au projet au Conseil des Cinq-Cents et hostile au Conseil des Anciens, affermées à la société Catoire, Duquesnoy et Cie. Je rappellerai, en outre, que, par la loi du 9 vendémiaire an VI (30 septembre 1797) signalée précédemment, l’entreprise nationale des messageries fut supprimée (§1) et la poste affermée (§2).

« Pour chausser annuellement nos armées », disait Fourcroy, dans le rapport fait à la Convention au nom du comité de salut public, le 14 nivôse an III (3 janvier 1795), on avait besoin de 170 000 peaux de bœuf, 100 000 peaux de vache, 1 000 000 de peaux de veau ; il était impossible d’attendre plusieurs mois, jusqu’à, deux ans, pour la préparation des peaux : Armand Séguin appliqua, en l’an III (1795), avec l’aide de la Convention, un procédé grâce auquel le tannage était achevé en moins d’un mois ; il est juste d’ajouter que ses cuirs, tout en ayant une bonne apparence, laissèrent à désirer sous le rapport de la qualité. En outre, des instructions étaient répandues pour vulgariser les récentes conquêtes de la science au point de vue industriel ; des encouragements, sous forme d’avances, d’indemnités ou de subventions, étaient accordés à divers fabricants, notamment 200 000 livres par le décret du 7 frimaire an III (27 novembre 1794) à Barneville pour une manufacture de mousselines superfines dont il sera question plus loin. De même, sous le Directoire, la loi du 6 messidor an IV (24 juin 1796) mettait à la disposition du ministre de l’Intérieur, pour aider les fabriques et manufactures, une somme de 4 millions dont un million particulièrement affecté à Lyon.

C’est à la Convention que Besançon doit son industrie de l’horlogerie. En 1793, des habitants du Locle et de la Chaux-de-Fonds, villes de la principauté de Neuchâtel, alors à la Prusse, se faisaient affilier en masse aux sociétés populaires françaises des environs, surtout à celle de Morteau. Tracassés par les magistrats neuchâtelois, beaucoup se réfugièrent à Besançon ; à la suite de ces faits et de conférences entre un habitant du Locle, Laurent Mégevaud, et le représentant du peuple en mission Bassal, le comité de salut public, par arrêté du 25 brumaire an 11 (15 novembre 1793), approuva « l’établissement d’une manufacture d’horlogerie dans la ville de Besançon », avec logements et secours pour les artistes étrangers. Par un nouvel arrêté du 13 prairial an II (1er juin 1794), il réglementa le fonctionnement de la manufacture transformée en établissement national. Sur un rapport fait par Boissy d’Anglas à la Convention au nom des comités de salut public et de finances, le 7 messidor an III (25 juin 1795), fut décrétée la création d’une école d’hor-