Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/259

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le Directoire approuvait une convention avec les frères Périer qui s’engageaient à fournir, pour 43 000 francs (Archives nationales, AF* iii, 183), une machine à vapeur destinée à mouvoir les laminoirs et les coupoirs, et à élever l’eau et la distribuer dans les différents ateliers de l’Hôtel des Monnaies de Paris. Des machines à vapeur ayant fonctionné à Anzin et à Carmaux avant notre époque, devaient s’y trouver pendant celle-ci, et il semble qu’il y en avait aussi à Aniche. En tout cas, ces machines ne servaient que pour les eaux ; le 16 brumaire an VIII (7 novembre 1799), en effet, Périer lisait à l’Institut (Mémoires scientifiques, t. V, p. 360) un « mémoire sur l’application de la machine à vapeur pour monter le charbon des mines », qui débutait ainsi : « J’ai pensé depuis longtemps que, puisqu’il y avait de l’économie à épuiser les eaux des mines de charbon de terre avec des machines à vapeur ou pompes à feu, au lieu d’y employer des chevaux, on devait trouver le même avantage à monter le charbon » ; il donnait ensuite des détails sur « la machine à double effet » qu’il avait construite dans ce but et ajoutait : « cette machine est destinée pour l’exploitation des mines de Litry, département du Calvados. Elle est montée dans mes ateliers de Chaillot pour en faire l’expérience ». Le n° du 1er floréal an VIII (21 avril 1800) des Annales des arts et manufactures annonçait l’achèvement de cette machine à vapeur, la première destinée à monter le minerai (t. Ier, p. 224), opération qui, dans les mines d’Anzin, avait dit Périer dans son mémoire, exigeait l’emploi de 450 chevaux. Dans son Aperçu général des mines de houille, publié en l’an X, Lefebvre notait que cette même machine, utilisée pour la première fois, à ce point de vue, en France dans la mine de Litry (Calvados) où elle économisait l’emploi journalier de 18 chevaux, le fut en l’an IX ; et seulement quelque temps après, on vit, chez nous, à Rouen, une filature de coton mue par une machine à vapeur (Moniteur du 13 vendémiaire an XI-5 octobre 1802, 3e p.) ; il ne m’appartient pas de préciser davantage ces deux faits dont l’énoncé me paraît suffire à montrer où en était l’emploi industriel de la vapeur dans notre pays à la fin du xviiie siècle. Parlant des machines à vapeur, les Annales des arts et manufactures (n° de vendémiaire an IX-septembre 1800, t. II, p. 100) disaient : « jusqu’ici on en a très peu construit en France ». Cependant, dès le 7 frimaire an III (27 novembre 1794), l’agence des mines avait demandé la « prompte exécution de dix ou douze machines à vapeur qui diminueront la quantité de chevaux dont on a actuellement besoin dans les exploitations et seront en même temps des moyens d’extension aux travaux, d’économie pour les sociétés et de réduction du prix pour la matière extraite » (Archives nationales, F 14,1301). Créée par l’arrêté ou comité de salut public du 13 messidor an II (1er juillet 1794), et organisée par l’arrêté du 18 (6 juillet 1794) — Recueil des actes du comité de salut public, t. XIV, p. 630 et 750, — l’agence des mines devint, en vertu de la loi du 30 vendémiaire an IV (22 octobre 1795) sur les écoles de services