Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

publics (titre 6, art. Ier), le « Conseil des mines » placé sous l’autorité du ministre de l’Intérieur, de qui dépendaient alors les travaux publics, et chargé de lui donner « des avis motivés sur tout ce qui a trait aux mines de la République ».

Le mode d’exploitation des mines a été indiqué par le Journal des mines dans son n° 43, de germinal an VI (mars 1798). Pour la houille, exploitée dès le principe près du jour par un grand nombre de fosses peu profondes, il avait fallu à la fin pénétrer plus profondément. Pour cela, on creusait les puits d’extraction dans la masse même et on les menait jusqu’à 5 mètres au-dessous des anciens ouvrages ; une épaisseur de 3 mètres était laissée en plafond et on établissait d’abord une galerie principale de 2 mètres de haut sur 3 de large dans le sens de la longueur de la masse ; on recoupait ensuite la mine par des traverses perpendiculaires à cette galerie, en laissant entre chacune un massif de 3 mètres, et enfin par des traverses parallèles à la galerie principale ; on formait ainsi un échiquier de piliers de 3 mètres carrés qui restaient perdus dans la mine ; l’exploitation terminée à ce niveau de nouveau on descendait 5 mètres au-dessous. Cette exploitation de haut en bas, dont on signalait déjà les grands vices, était déclarée par les hommes les plus compétents n’être admissible que pour les carrières de pierres ou d’ardoises. Il y avait à Anzin, à la fin du xviiie siècle (mémoire de Périer cité plus haut et t. Ier, p. 224 des Annales des arts et manufactures) des puits de plus de 200 mètres de profondeur.

Pour les mines de fer, on les attaquait à ciel ouvert quand la profondeur n’était pas grande ; on en citait cependant une, dans la Haute-Marne, exploitée dans ces conditions à une profondeur de plus de 50 mètres. Lorsque le minerai de fer se trouvait plus profondément, comme dans le Cher, la Nièvre, l’Orne, l’Eure, les Ardennes, etc., on exploitait par fosses et galeries ; mais cette exploitation était faite sans plan, sans ordre et sans règle. « Voici, en général, dit le Journal des mines (n° 43), quelle est cette exploitation vicieuse : un mineur approfondit une fosse jusqu’à la couche de mine de fer ou jusqu’à la partie riche de la couche. Au bas de la fosse, deux galeries en croix, menées en cintre et sans bois à 4 ou 5 mètres du puits, sont toute l’excavation que fait le mineur. Si la mine est riche, si elle lui paraît solide et s’il est hardi, il ose s’avancer plus loin ; il pratique, au bout de la galerie, d’autres galeries perpendiculaires, et, sans bois, sans soin pour l’aérage, il extrait ainsi un peu de mine ; s’il vient un peu d’eau, il l’épuise. Cette exploitation grossière terminée, le mineur va se placer à quelque distance ; il ouvre une nouvelle fosse et exploite de la même manière. Souvent des éboulements qu’il devrait prévoir, l’obligent à abandonner tout son travail, avant qu’il ait poussé les petites galeries jusqu’au terme ordinaire de 4 à 5 mètres. »

La difficulté et la cherté des transports étaient de grands obstacles à