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l’utilisation de la houille. L’extraction évaluée (Chaptal, De l’Industrie française, t. II, p. 113) à 2500 000 quintaux métriques en 1794, montait cependant, en 1795, à 6 440 000 (Conservatoire des Arts et Métiers), dont près du cinquième dans les concessions de la compagnie d’Anzin, et, pour l’année suivante, à 11 714 000, « par aperçus approximatifs » (rapport du Conseil des mines mentionné plus loin) ; les mines les plus importantes étaient, dans le Nord, celles d’Anzin et d’Aniche (Nord), de Hardinghem (Pas-de-Calais) et de Litry (Calvados) ; dans le Midi, celle de Rive-de-Gier, etc., dans la Loire, de la Grand-Combe (Gard), de Carmaux (Tarn), de Cransac et lieux voisins (Aveyron). Les mines d’Anzin appartenaient à une compagnie ; plusieurs des associés ayant émigré, d’autres intéressés furent, en vertu de la loi du 17 frimaire an III (7 décembre 1794), admis à racheter, à la nation les parts de propriété confisquées pour cause d’émigration de leurs détenteurs, et des experts eurent à en déterminer la valeur. Un procès-verbal du 9 pluviôse an III (28 janvier 1795) fixa l’excédent de l’actif total de la compagnie sur le passif à 4 205 387 livres, et la valeur des parts confisquées à 2 418 505 qu’une décision de l’administration du district de Valenciennes du 23 prairial an III (11 juin 1795) autorisa les nommés Desandrouin et Renard, qui s’étaient présentés pour le rachat, à verser en assignats (Histoire d’un centre ouvrier, Anzin, par G. Michel) : les 100 livres en assignats valaient alors moins de 10 francs en argent.

L’extraction de la houille tomba, pour cette compagnie, en 1794, à 650 000 quintaux métriques, ce fut le chiffre le plus bas ; elle monta à 1 236 000 en 1795, 1 386 310 en 1796, 1 847 010 en 1797, 2 136 400 en 1798, 2 480 760 en 1799. Un arrêté du 29 ventôse an VII (19 mars 1799) délimita les concessions de la compagnie qui s’étendaient à cette époque sur 2 073 hectares à Fresnes, 2 962 à Vieux-Condé, 4 819 à Raismes et 11 851 à Anzin. D’après Lefebvre (Aperçu cité plus haut), très abondantes et de facile extraction, les mines de Cransac et lieux voisins fournissaient, en l’an III, plus de 50 000 quintaux métriques de houille, mais le prix du quintal n’excédait pas 0 fr. 50. Dans la Loire, les bateaux qui partaient de Saint-Rambert étaient presque exclusivement consacrés au transport de la houille. D’après M. Brossard (Le bassin houiller de la Loire, p. 189), il fut expédié, en 1792, 137 880 quintaux métriques par 900 bateaux, et, de 1793 à 1801, 1 654 560 par 10 800 bateaux. Le Journal des mines de frimaire an VII (novembre 1798) comptait 400 mines de houille en exploitation, 200 susceptibles d’être exploitées et 2 000 établissements (fourneaux, forges, martinets et fonderies) où se fabriquaient les fers, les aciers et les tôles. Un rapport du Conseil des mines (Archives nationales, F 14,1302) adressé au ministre de l’Intérieur le 7 thermidor an IV (25 juillet 1796), avait compté 232 mines de houille exploitées, 1 513 hauts-fourneaux, forges et aciéries en activité produisant 1 324 402 quintaux métriques de fonte, 889 296 de fer et 95 579 d’acier. Ce dernier rapport mentionnait, en