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outre, les mines de cuivre de Chessy et de Saint-Bel (Rhône), les mines de plomb de Poullaouen et de Huelgoat (Finistère) et celle de Pontpéan (Ille-et-Vilaine), la mine d’argent d’Allemont (Isère).

La plupart des établissements à feu, qui étaient loin d’approcher des établissements similaires actuels de moyenne importance, se servaient encore de bois ; nous voyons, par le Journal des mines (nos de vendémiaire et brumaire an V-septembre et octobre 1796), que plusieurs d’entre eux chômaient de deux à quatre mois par an et parfois plus, parce que les bois affectés à leur usage n’étaient pas assez abondants pour assurer leur activité continue ; il arrivait à d’autres de chômer par suite du manque d’eau.

Vers 1794, d’après Chaptal (De l’Industrie française, t. II, p. 96), on ne faisait encore la tôle qu’à l’aide du martinet, gros marteau pesant au plus, alors, de 2 à 300 kilos (Décade philosophique, t. V, p. 68) ; mais les laminoirs furent perfectionnés et le Journal des mines de frimaire an VII (novembre 1798) constate qu’on a substitué leurs cylindres au martelage et obtenu des tôles de fer de dimensions plus grandes. On savait que l’acier était une combinaison de fer et de carbone ; mais on en était réduit, pour sa fabrication, à des procédés empiriques plus ou moins défectueux. Quant à l’acier fondu, il n’y eut guère que des essais jusqu’en germinal an VI (mars 1798), époque à laquelle Clouet fit connaître un nouveau procédé consistant, d’après un rapport présenté à l’Institut le 16 messidor (4 juillet 1798) et publié dans ses Mémoires scientifiques (t. II), à fondre ensemble trois parties de fer et deux parties d’un mélange composé par moitié de carbonate de chaux (marbre blanc) et d’argile cuite (provenant d’un creuset de Hesse) tous les deux pulvérisés. Les éloges qui furent décernés à un tel procédé, prouvent combien on était encore peu avancé sous ce rapport.

Voici quelques renseignements — progrès effectués, conditions techniques, résultats obtenus, — sur l’état de diverses autres branches d’industrie. La qualité supérieure de la plombagine anglaise nous avait rendus tributaires de l’Angleterre pour les crayons ; après la rupture entre les deux pays. Conté fut chargé de trouver le moyen de remplacer les crayons anglais. Le 11 pluviôse an III (30 janvier 1795), le problème était résolu et Conté prenait un brevet pour des crayons fabriqués avec une pâte homogène de son invention.

Le papier pour les assignats fabriqué, au début de la Révolution, dans les deux manufactures de Courtalin (commune de Pommeuse, canton de Coulommiers) et du Marais (commune de Jouy-sur-Morin, canton de la Ferté-Gaucher) en Seine-et-Marne, le fut ensuite à Buges (Loiret) et à Essonnes (Seine-et-Oise) ; mais « en 1794 et en 1795, c’est à la papeterie de Buges qu’était attribuée toute la fabrication du papier-assignats. » (La papeterie de Buges en 1794, par Fernand Gerbaux, p. 16). Cette très intéressante étude nous apprend qu’à Buges (commune de Corquilleroy, canton de Montargis)