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teilles après qu’elles y avaient recuit pendant trente-six heures. La fonte s’en faisait en onze ou douze heures ; les creusets de terre étaient fabriqués à la main et duraient de 25 à 28 jours. Chaque bouteille pesait en moyenne 715 grammes. La verrerie ne marchait que pendant neuf mois de l’année et consommait près de 1 500 quintaux métriques de houille. Une autre verrerie de l’Allier, celle de Pouzy, faisait par an 400 000 bouteilles et consommait 2 000 cordes de bois, soit près de 8 000 stères. À propos de verrerie, je noterai qu’à l’Exposition de l’an VII (voir plus loin), une mention fut accordée (Moniteur du 2 brumaire an VII -23 octobre 1798) à Gérentel, de Paris, pour ses « feuillets de corne à lanterne ramenés aux plus grandes dimensions ».

En l’an IV et en l’an V (1795-1796), diverses découvertes du graveur en médailles Droz, relatives notamment au perfectionnement du balancier et à la multiplication des coins propres à la fabrication, furent appliquées à la Monnaie de Paris. En 1796, Fauler et Kemph fondèrent à Choisy-le-Roi, appelé alors Choisy-sur-Seine, la première fabrique de maroquin créée en France. La même année, Appert, à qui nous devons le procédé moderne des conserves alimentaires, instituait ses expériences pour la conservation des substances-animales et végétales. Vers 1797, Desquinemare avait établi à Paris une manufacture de toiles absolument imperméables, grâce à un enduit de son invention appliqué sur les deux surfaces ; il fabriqua notamment des seaux à incendie qui, jusque-là, se faisaient en cuir (Dictionnaire universel de commerce, de Buisson, t. II, p. 853). L’isolement du chrome, par Vauquelin, en 1797, fournit, avec un oxyde de chrome, un vert inaltérable très avantageux pour la décoration de la porcelaine qui n’avait pas de vert pouvant soutenir le grand feu. Étienne Lenoir perfectionnait les instruments de précision, pour l’astronomie en particulier. Le Moniteur du 16 brumaire an V (6 novembre 1796) annonçait qu’on construisait à l’Observatoire de Paris un télescope ayant 19m,50 de long avec un miroir de platine de 1m,95 de diamètre. Bréguet, par des modifications du mécanisme d’échappement (brevet du 19 ventôse an VI - 9 mars 1798), facilitait la réduction de l’épaisseur des montres sans nuire à leur précision, et Japy (27 ventôse an VII -17 mars 1799) inventait une machine à fendre les dents des petites roues d’horlogerie. Je citerai, en outre, à titre de curiosité pour l’époque, d’abord deux brevets dont j’ignore la valeur, celui du 9 prairial an VII (28 mai 1799) délivré à Rosnay pour la construction de ponts en fer, et celui du 24 messidor an VII (12 juillet 1799) délivré aux citoyens Girard père et fils pour « des moyens mécaniques de tirer parti de l’ascension et de l’abaissement des vagues de la mer comme forces motrices » ; puis le projet d’un bateau sous-marin dû à Fulton et proposé par lui, en l’an VI et en l’an VII (1797 et 1798, aux ministres de la Marine Pléville le Pelley et Bruix. N’ayant pu, malgré ses efforts, obtenir d’eux (Desbrière, Projets et tentatives de débarquement