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il y avait, en 1794, « dix-sept cuves » (p. 24). Le 27 pluviôse an II (15 février 1794), « il y avait dans cette manufacture, pour le service des 17 cuves, 298 personnes, dont 150 hommes et 148 femmes ; en ajoutant à ces 298 personnes le nombre de 83 enfants, on arrive au total de 381 personnes » (p. 25). M. Gerbaux reproduit (p. 32-35 auxquelles je renvoie les curieux de ces détails) la description des cuves à cylindre, des cuves de fabrication et des grandes presses.

Le 6 nivôse an VI (26 décembre 1797), Firmin Didot faisait breveter son procédé de stéréotypie ou de clichage de pages composées avec les caractères mobiles de l’imprimerie, et les éditions tirées sur ces clichés. La première — et la plus belle — de ces éditions fut le Virgile in-18 de 1799. C’est Firmin Didot qui avait gravé et fondu les caractères employés par son frère aîné, Pierre Didot, pour ses éditions in-folio, dites du Louvre, — l’ancien local de l’Imprimerie royale au Louvre ayant été, à titre d’encouragement, mis à sa disposition, en 1797, par le ministre de l’Intérieur, — de Virgile (1798), avec vignettes de Gérard et de Girodet, et d’Horace (1799), avec vignettes de Percier, qui passent pour deux des plus beaux spécimens de la typographie française. On en était toujours à la presse typographique à bras construite entièrement ou presque entièrement en bois. Une journée, disaient Lacuée et Dupont (de Nemours) aux Anciens le 19 prairial an V (7 juin 1797), donnait 2000 feuilles d’impression en travail courant avec quatre ouvriers, « tant compositeurs que tireurs » ; suivant le Magasin encyclopédique (1797, t. XV, p. 540), cette presse avec deux bons ouvriers tireurs fournissait à peine 250 feuilles par heure ; d’après un journal du 19 vendémiaire an VI (10 octobre 1797) cité dans le recueil de M. Aulard (t. IV, p. 385), le tirage des journaux représentait « 150 000 feuilles de 12 décimètres et demi carrés consommées et expédiées journellement par la commune de Paris ». La presse entièrement en fonte que fit exécuter, en 1795, lord Stanhope, ne fut employée en France que plusieurs années plus tard. Du 29 nivôse an VII (18 janvier 1799) date le brevet de Nicolas-Louis Robert, employé à la papeterie d’Essonnes, brevet qui contient le principe fondamental de la machine à fabriquer le papier continu, et qu’il devait, le 7 germinal an VIII (28 mars 1800) céder à son patron, Léger Didot, cousin germain de Pierre et de Firmin, pour 60 000 francs. On trouve deux reproductions de cette machine dans le Rapport de la commission d’installation de la classe 88 du musée rétrospectif à l’Exposition de 1900 (p. 44-45).

Par le Journal des mines de brumaire an V (octobre 1796) — n° 26 — et par la Décade philosophique du 30 nivôse an VIII (20 janvier 1800) — t. XXIV — nous avons quelques renseignements sur les verreries à bouteilles. La verrerie du citoyen Saget fournissait 50 000 bouteilles en verre noir par mois, à 2 100 par fonte. Chaque fourneau avait quatre arches de recuisson et le travail d’une fonte remplissait deux de ces arches. On en retirait les bou-