Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/306

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nière, petite ferme isolée près de Jallais (Maine-et-Loire). On se sépara dans la nuit, en convenant de se retrouver de nouveau, la nuit suivante, dans la ferme où Stofflet resta. Pendant son sommeil, un détachement de soldats républicains ayant envahi la ferme, il fut fait prisonnier, conduit à Angers, traduit, le soir même, devant une commission militaire et fusillé le lendemain (6 ventôse an IV - 25 février 1796) avec quatre de ses compagnons. Il a plu à de nombreux écrivains royalistes d’accuser, à ce propos, l’abbé Bernier de trahison ; le dernier, M. Bittard des Portes, juge que son « rôle dans la capture de Stofflet resta malheureusement suspect » (Charette…, p. 585) ; je ne me permettrai pas de contester cette appréciation compétente de la valeur morale d’un dignitaire de l’Église ; Bernier fut, en effet, évêque après le Concordat.

Charette ne devait pas être plus heureux que son rival. Harcelé par les colonnes mobiles que Hoche avait organisées. Il remporta un petit avantage le 5 nivôse (26 décembre), mais fut bientôt complètement battu. Blessé et pris le 3 germinal an IV (23 mars 1796) dans le bois de la Chabotterie. canton actuel de Rocheservière (Vendée), on le mena le lendemain à Angers, puis, le 6 (26 mars), à Nantes ; jugé par une commission militaire, il fut fusillé le 9 germinal an IV (29 mars 1796). La disparition de ces deux bons Français qui combattaient leur pays avec le concours de l’Angleterre — vers cette époque, « M. de Suzannet revenait en Vendée portant des fonds considérables destinés à Charette, à Scépeaux et même à Stofflet dont il ignorait la mort : le gouvernement anglais envoyait aux généraux vendéens un or qui leur était maintenant inutile » (Bittard des Portes, ibid., p. 587) — allait mettre fin à la deuxième guerre de Vendée. D’Autichamp qui avait voulu reprendre la suite des affaires de Stofflet, Scépeaux qui prétendait le venger, firent, au bout de quelques semaines, leur soumission, celui-ci le 23 floréal (12 mai), celui-là le 5 prairial (24 mai) ; en messidor (juin), Cadoudal et d’autres Chouans du Morbihan les imitèrent ; à la même époque, les Chouans de Normandie déposèrent les armes. La deuxième guerre de Vendée put être considérée comme terminée.

À la suite d’un « plan concerté avec Charette » (Chassin, ibid., t. II, p. 439), se produisit un mouvement insurrectionnel dans l’Indre et dans le Cher. Le mouvement de l’Indre, connu sous le nom de « Vendée de Palluau », fut écrasé dabord à Palluau (à une dizaine de kilomètres à l’ouest de Buzançais), puis dans cette dernière localité, du 28 ventôse au 8 germinal an IV (18 au 28 mars 17961. Dans le Cher, les rebelles, ayant à leur tête le comte de Phélyppeaux, entrèrent à Sancerre sans résistance, les autorités s’étant empressées de fuir, le 13 germinal an IV (2 avril 1796), Averti des préparatifs faits contre lui sous la direction de Chérin, Phélyppeaux et sa bande quittaient Sancerre le 20 (9 avril) ; le lendemain, les insurgés étaient battus et dispersés à Sens-Beaujeu, à 12 kilomètres à l’ouest de Sancerre. Arrêté le