Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/347

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tirant sur lui l’attention de l’ennemi, dégagea Moreau qui, le 6 messidor (24 juin), passait le Rhin à Strasbourg et s’emparait du fort de Kehl ; le 11 (29 juin), il avait réuni toutes ses divisions sur la rive droite. Se conformant à un ordre de Carnot (La Défense nationale dans le Nord de 1792 à 1802, P. Foucart et J. Finot. t. II, p. 702), daté du 10 messidor (28 juin), Jourdan opéra de nouveau, le 15 (3 juillet), le passage du fleuve à Neuwied, et les deux armées — trop éloignées l’une de l’autre — allaient s’avancer en Allemagne, celle de Jourdan par la vallée du Mein et celle de Moreau par les vallées du Neckar et du Danube.

L’armée de Sambre-et-Meuse franchissait la Lahn le 21 (9 juillet). Kleber, repoussant Wartensleben, arriva le 24 (12 juillet) devant Francfort, où Jourdan entra le 28 (16 juillet ; Würzburg se rendit le 7 thermidor (25 juillet) et, le 17 (4 août), Kleber se trouvait à Bamberg. À Nuremberg le 24 (11 août), et après un succès à Sulzbach, Jourdan, sans s’occuper de Moreau, parvenait sur la rive droite de la Naab dont les Impériaux occupaient la rive gauche. Pendant ce temps, Moreau battait La Tour à Rastatt le 16 messidor (4 juillet), remportait un nouveau succès à Ettlingen le 21 (9 juillet) et forçait le passage de Pforzheim ; Gouvion Saint-Gyr et Desaix qui, depuis la réunion de l’armée de Rhin-et-Moselle sur la rive droite du Rhin, commandaient, Saint-Cyr le centre, et Desaix l’aile gauche, étaient, le premier, à Stuttgart le 30 messidor (18 juillet), et le second à Ludwigsburg le 4 thermidor (22 juillet), l’archiduc Charles voulait battre séparément les deux armées de Jourdan et de Moreau ; il attaqua celui-ci, le 24 thermidor (11 août), à Neresheim ; après une bataille acharnée, malgré un échec éprouvé par son aile droite, Moreau était vainqueur, mais restait inactif. L’armée impériale se retirait, le 26 (13 août), derrière le Danube que Moreau passait, le 2 fructidor (19 août), à Dillingen, actuellement Tüllingen.

Tous les princes de l’Allemagne du Sud qui étaient restés inféodés à la coalition contre la France, demandaient les uns après les autres à traiter. Une trêve fut accordée au duc de Württemberg le 29 messidor (17 juillet), au margrave de Bade le 7 thermidor (25 juillet), aux autres États du cercle de Souabe le 9 (27 juillet), à la condition de rester neutres, de s’engager à conclure séparément la paix avec la France, de payer d’assez fortes sommes et de livrer des chevaux. Un traité de paix fut signé à Paris, le 20 thermidor (7 août), avec le duc de Württemberg, — c’est ce traité qui réunit à la France la petite principauté de Montbéliard et la seigneurie d’Héricourt — le 5 fructidor (22 août) avec le margrave de Bade.

Voyant les deux généraux français opérer sans s’occuper l’un de l’autre, l’archiduc Charles laissa La Tour devant Moreau avec une trentaine de mille hommes, et porta le reste de ses forces au secours de Wartensleben, afin d’écraser Jourdan qui, vaincu à Amberg le 6 fructidor (23 août), fut obligé de rétrograder. L’avant-garde autrichienne occupait Würzburg le 15 (1er sep-