Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/356

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France ; mais son plénipotentiaire ne put rejoindre Bonaparte que le 13 prairial (1er juin) à Peschiera. L’armistice dont on commença aussitôt à discuter les conditions, fut conclu le 17 (5 juin) à Brescia et signé le lendemain à Milan (Rome, Naples et le Directoire, par Joseph du Teil, p. 119). Le roi des Deux-Siciles fermait ses ports aux Anglais et s’engageait à négocier un traité de paix avec la République. À cette même époque, Bonaparte cherchait à entraîner Venise contre l’Autriche ; le gouvernement vénitien dont on commençait à exploiter indignement la faiblesse, en attendant de faire pis, consentit bien à laisser occuper ses places fortes et à fournir des vivres et des approvisionnements de guerre à crédit, mais il décidait de persister dans sa neutralité désarmée. Sur la demande de Delacroix, ministre des relations extérieures, il avait fait signifier, le 14 avril, au futur Louis XVIII d’avoir à quitter Vérone.

Le pape que la nouvelle attitude de Ferdinand IV livrait à un isolement dépourvu de splendeur, avait bien songé à imiter celui-ci ; mais ses velléités d’accommodement n’avaient pas été admises : on voulait lui tirer plus qu’il n’aurait vraisemblablement accordé. Bonaparte se rendait, le 29 prairial (17 Juin), à Modène et l’armée pénétrait dans les États pontificaux ; Perrare ouvrait ses portes à Augereau qui, le 1er messidor (19 juin), entrait à Bologne où Bonaparte arrivait le soir. Pie VI en passa par ses conditions et un armistice était conclu, le 6 (24 juin), à Bologne, où les troupes françaises restaient ainsi qu’à Ferrare ; le pape s’engageait à payer 21 millions, dont 15 et demi en espèces, et à livrer 500 manuscrits et 100 tableaux ou objets d’art au choix ; parmi les derniers, le futur César, toujours cabotin, faisait mentionner le buste du « patriote Marcus Brutus ». Le 9 (27 juin), une division dont on avait annoncé au gouvernement toscan, allié de la France, la marche sur Rome par Sienne, se rabattait brusquement, après avoir passé l’Arno, sur Livourne où elle entrait sans opposition ; les vaisseaux anglais qu’on comptait capturer, avaient quitté le port, mais on saisit pour plusieurs millions de marchandises ; cette opération sur territoire neutre était une coupable violation du droit des gens. Par représailles, les Anglais, le 9 juillet, s’installaient à Porto-Ferrajo, dans l’île d’Elbe. Lors d’une entrevue que Bonaparte eut, le 12 messidor (30 juin), à Florence avec le grand-duc, celui-ci contre mauvaise fortune fit bonne figure. C’est à Florence que Bonaparte reçut la nouvelle de la capitulation de la citadelle de Milan (11 messidor-29 juin). Mais il allait avoir à soutenir le deuxième assaut de l’Autriche.

Wurmser qui avait quitté, le 18 juin, l’Allemagne pour remplacer Beaulieu en Italie, ne commença ses opérations que le 22 messidor (10 juillet). Les troupes qu’il avait réunies dans le Tirol, descendirent les deux rives du lac de Garde et, après avoir battu deux divisions françaises, elles se portèrent, les unes (18 000 hommes) avec Quosdanovich, à l’ouest du lac, sur Brescia où elles pénétrèrent, les autres (32 000 hommes), à l’est, sur Peschiera et Vérone