Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/36

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le 25 (11 septembre), les délégués étaient accueillis par les plus vifs applaudissements. En revanche, on jetait en prison l’orateur de la pétition du club dit électoral, Varlet — l’ami de Jacques Roux. (Histoire socialiste, t. IV, p. 1622) — et le rédacteur de cette pétition, Bodson, dont, le 30 fructidor (16 septembre), une députation du club réclamait en vain à la Convention la mise en liberté. Déjà, par un décret du 4 fructidor an II (21 août 1794), la Convention avait rapporté celui du 9 septembre 1793 qui accordait, « à titre d’indemnité, quarante sous aux citoyens peu fortunés pour assister aux assemblées de section et y exercer leurs droits », — d’une façon générale, je citerai les lois ou décrets (ces deux mots étaient synonymes sous la Convention) d’après le texte des collections Duvergier ou Baudouin. Le même décret empêchait les sections de se réunir tous les cinq jours et ne leur permettait plus qu’une réunion par décade. La suppression de l’indemnité allait éloigner les pauvres, les ouvriers, des sections, où commençaient, au contraire, à se porter les aristocrates remis en liberté.

L’influence reprise par les Jacobins qui cherchaient de plus en plus à agir sur la Convention en faisant affluer pétitions et adresses dans le genre de celle de Dijon applaudie par eux et colportée à Paris et dans les départements, ne pouvait qu’inquiéter Tallien et l’exciter à les perdre. Un triste événement avait déjà été exploité à ce point de vue : le 14 fructidor (31 août), la poudrerie de Grenelle sautait tuant une soixantaine de personnes et en blessant un grand nombre. Cette poudrière occupait la partie de la caserne Dupleix qui donne sur la place de ce nom. On insinua que le coup pouvait bien venir des Jacobins. Cela n’ayant pas réussi, Tallien qui, devant l’attitude de ses collègues à son égard, avait donné le 15 fructidor (1er septembre), sa démission du comité de salut public et qui avait été expulsé des Jacobins le 17 (3 septembre), simulait, selon toute vraisemblance, une tentative d’assassinat : le 24 fructidor (10 septembre), un peu après minuit, rue des Quatre-Fils, on le trouvait ayant « à la partie antérieure de l’épaule gauche » une légère contusion paraissant provenir d’un coup de pistolet tiré à bout portant, sans balle. Celle-ci, d’après le procès-verbal des trois officiers de santé lu à la séance de la Convention le 24 fructidor, « a pu tomber entre » la doublure de l’habit et l’habit ; cela aurait permis de la retrouver, or on ne la retrouva pas.

Malgré tous les efforts, cette affaire n’eut pas les résultats immédiats espérés ; les Jacobins remportaient, au contraire, un succès : sur leur initiative, la Convention, le 26 fructidor (12 septembre), réglait le transport du corps de Marat au Panthéon et décidait que, le même jour, en serait enlevé le corps de Mirabeau. Les thermidoriens et leurs adversaires se trouvèrent d’accord en cette circonstance, tous se réclamaient encore de Marat. La cérémonie, à laquelle assistait la Convention, eut lieu le dernier jour de l’an II (21 septembre 1794) au milieu d’une foule criant : Vive la République ! Le 20 ven-