Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/373

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des trois conspirateurs et saisirent les pièces qu’ils avaient apportées. On alla ensuite perquisitionner à leur domicile ; mais, dit M. Sciout, « un de leurs affidés sauva habilement une grande partie de leurs papiers » (Idem, p. 271) ; on arrêta Poly et quelques comparses.

Les Incroyables. (D’après une estampe de Carle Vernet.)

Avec des instructions et une proclamation de Louis XVIII et une liste de nominations aux principales fonctions de l’État, on découvrit un « plan d’exécution » qui fut publié notamment dans le Moniteur des 17 et 20 pluviôse (5 et 8 février 1797). En voici le résumé : « On devait poser des gens sûrs à toutes les barrières, s’emparer des postes, des télégraphes, des maisons des ministres, du Luxembourg, etc., établir une batterie à Montmartre pour contenir Paris, mettre la tête des directeurs à prix s’ils ne cédaient pas devant une promesse d’amnistie, empêcher la réunion des membres des Conseils, s’assurer des Jacobins, rétablir la juridiction prévôtale et les anciens supplices, brûler les presses des journaux ennemis, arrêter leurs auteurs, lancer une proclamation honorable pour les armées et amicale pour les puissances étrangères, faire un approvisionnement de grenades, ce qui est le meilleur moyen de dissiper les attroupements, et proclamer l’indulgence au nom du roi ». Comme je l’ai annoncé plus haut, on voit par ce programme alléchant qui n’était pas destiné à la publicité, de quelle manière les royalistes entendaient pratiquer la liberté de la presse ; quant à leur indulgence, elle compor-