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transportait son quartier général le 16 (5 avril) ; c’est là que, le 18 (7 avril), se présentèrent deux généraux chargés de négocier par l’empereur, qui avait peur pour sa capitale ; on convint d’une suspension d’armes de cinq jours, prolongée ensuite jusqu’au 1er floréal (20 avril). Des conférences commencèrent aussitôt et un traité préliminaire de paix fut signé le 29 germinal an V (18 avril 1797), dans un château près de Leoben. L’empereur renonçait à tous ses droits sur la Belgique et acceptait « les limites de la France décrétées par les lois de la République », sous réserve qu’il lui serait fourni, lors de la paix définitive, un dédommagement à sa convenance. Il y avait des articles secrets concernant, notamment, la renonciation de l’empereur à une partie de la Lombardie, qui devait être constituée en République indépendante, avec compensation, aux dépens de la République vénitienne, en Italie, en Istrie et en Dalmatie. Agissant en maître, Bonaparte faisait directement expédier par Berthier une lettre à Hoche et à Moreau afin d’arrêter leurs opérations.

Les Autrichiens avaient été trop absorbés en Italie pour songer à prendre l’offensive en Allemagne ; ils n’avaient cherché qu’à conserver leurs positions sur la rive droite du Rhin ; aussi, au milieu de germinal (début d’avril 1797), on se bornait encore à s’observer. Moreau commandait à cette époque l’armée de Rhin-et-Moselle et Hoche l’armée de Sambre-et-Meuse, où il était arrivé le 6 ventôse (24 février). D’après ses instructions, Championnet, qui dirigeait l’aile gauche, passait la Sieg et emportait la position d’Altenkirchen (28 et 29 germinal-17 et 18 avril) ; le 29 (18 avril). Hoche traversait le Rhin à Neuwied, battait les Autrichiens à Driedorf ; ceux-ci étaient de nouveau battus le 30 (19 avril), et l’aile droite, sous les ordres de Lefebvre, entrait dans Limburg, tandis que le centre s’installait à Weilburg et que la gauche prenait position en arrière de Herborn. Chassant toujours sur tous les points les Impériaux, le 2 floréal (21 avril), Lefebvre se portait sur Kœnigstein, une division du centre occupait Wetzlar, et Championnet gagnait Giessen. Toute l’armée de Sambre-et-Meuse marchait sur Francfort ; Lefebvre en atteignait les portes (3 floréal-22 avril), lorsque survint le courrier de Bonaparte annonçant la signature des préliminaires de paix.

À son tour, Moreau était parvenu, les 1er et 2 floréal (20 et 21 avril), à franchir le Rhin près de Strasbourg, après de longues heures de combat, notamment à Kehl, qui était repris ; la droite marcha sur Ettenheim, le centre sur Freudenstadt, la gauche força le passage de Renchen et poursuivit les Autrichiens jusqu’à Lichtenau sur la Sauer (3 floréal-22 avril) ; mais l’arrivée du courrier de Bonaparte mit fin aux hostilités.

C’est à la réquisition militaire en vue de cette campagne, que fut due la rentrée dans l’armée de La Tour d’Auvergne, qui avait pris sa retraite quelque temps après les opérations de l’armée des Pyrénées occidentales où nous avons signalé sa présence (chap. iv) : un de ses amis de Bretagne, Jacques Le Brigant, après avoir eu plusieurs enfants, restait seul avec le plus jeune.