Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/470

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rard Sémonin, en échange de maisons sises à Versailles et estimées 292 499 fr. 17, le domaine national, ancien bien de la Couronne, appelé ferme de Velizy (Seine-et-Oise), estimé 262 357 fr. 60 ; un contrat conforme était passé par devant notaire le 23 floréal an VI (12 mai 1798) ; l’État avait à payer une soulte de 30 141 fr. 57. D’autre part, un arrêté du Directoire du 1er messidor an VII (19 juin 1799) approuvait l’échange de cette ferme de Velizy appartenant à la citoyenne Sémonin et estimée cette fois 292 499 fr. 17 — c’est-à-dire à sa valeur précédente plus la soulte due par l’État — contre six des lots de la division faite de l’enclos des Filles Saint-Thomas à Paris — sur l’emplacement duquel se trouvent aujourd’hui la Bourse, la place de la Bourse et, sauf au midi, presque toutes les maisons environnantes — lots estimés 302 763 fr. 64, d’où une soulte de 10 264 fr. 47 à payer cette fois à l’État ; la citoyenne Sémonin devait, en outre, souffrir sans indemnité le percement des deux rues Bonnier et Roberjot englobées depuis dans la place de la Bourse. Une autre loi du 23 fructidor an VII (9 septembre 1799) consacra un autre échange qu’avait décidé la Convention, le 7 brumaire an II (28 octobre 1793), en déclarant domaine national « la maison du Jeu de paume de Versailles où l’Assemblée constituante a prononcé le serment du 20 juin 1789 » : le Directoire était autorisé à céder aux anciens propriétaires pour une valeur de 73 500 fr. de biens nationaux.

Des noms d’acquéreurs reparaissent plusieurs fois ; en sus des cas d’achats multiples déjà cités, j’ai retenu à ce point de vue les nommés Bourson, Cheradame, Dubetier, Godard, Molard, Tinancourt. Parfois l’achat fait sous un nom est aussitôt inscrit au profit d’un autre ; parmi les bénéficiaires ayant acheté de la sorte, j’ai remarqué le nom du banquier Mallet. Si les acquéreurs des bâtiments nationaux de Paris me semblent cependant avoir été surtout des Parisiens de la petite et de la moyenne bourgeoisie, il y eut aussi des étrangers, des citoyens américains par exemple, et des provinciaux : l’église — l’église actuelle des Blancs-Manteaux — et une partie du couvent des Blancs-Manteaux, avec une maison ayant appartenu à ce couvent, furent achetées pour 72 000 fr., le 12 vendémiaire an V (3 octobre 1796), par un nommé Fesneau, demeurant à Saint-Didier (Haute-Loire).

Je noterai enfin qu’en vertu de la loi du 29 germinal an III (fin du chap. vi), il y eut à Paris un assez grand nombre de maisons acquises par voie de loterie. Ce fut, par exemple le tirage du 12 fructidor an III (29 août 1795), qui attribua la maison où était mort Turgot et que ses héritiers avaient vendue 160 000 livres au marquis d’Autichamp plus tard émigré — actuellement 108, rue de l’Université, elle allait jusqu’à la rue de Lille, n° 121 — à un négociant de Bruxelles, Goessens. Dans le même tirage, une maison contiguë — sur l’emplacement de laquelle a été bâti le n° 119 actuel de la rue de Lille — dite « hôtel La Fayette », fut gagnée par un négociant de New-York, William Rogers.