Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/507

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terre et, en dernier lieu, par Panin, en janvier 1799, et par Thomas Grenville, fin février, tout ce qu’elle consentit finalement à accepter, ce fut une alliance défensive pour toucher les subsides offerts par l’Angleterre. Mais le cabinet anglais ne voulant payer qu’une alliance offensive, l’entente ne put aboutir ; en avril, à la suite d’une nouvelle démarche du tsar restée infructueuse, les négociations étaient définitivement rompues. La Prusse gardait la neutralité par crainte de l’infériorité qui pouvait résulter pour elle du triomphe de l’Autriche surtout et aussi de la Russie.

Paul Ier avait été irrité des lenteurs de l’Autriche traînant les choses en longueur pour se faire payer plus cher sa participation à une guerre qu’elle désirait ; il lui en avait voulu, en outre, de n’avoir pas secouru le roi de Naples et en était arrivé à la soupçonner de chercher sérieusement à s’entendre avec la France. Pour l’apaiser, le gouvernement autrichien se montra, à la fin de décembre, très aimable pour les troupes russes, des gratifications furent distribuées, l’empereur les passa en revue et écrivit, le 6 janvier 1799, une lettre de félicitations au tsar, à qui, un peu plus tard, le 31 janvier, il faisait demander, par flatterie, d’autoriser Souvorov à prendre le commandement supérieur de l’armée autrichienne sur l’Adige ; le tsar rassuré avait consenti, et Souvorov était parti pour Vienne le 1er mars.

Avant de nous occuper des détails de la campagne, voyons comment les choses se terminèrent à Rastatt. Malgré la déclaration de guerre, les envoyés français, allemands et autrichiens étaient restés dans cette ville. La peur des armées autrichiennes et russes pouvait seule contrebalancer chez les petits princes allemands leur ardeur à saisir la riche proie que devaient leur assurer la sécularisation et le partage des principautés ecclésiastiques ; mais, le 7 avril, l’envoyé autrichien Metternich annonçait son départ qui avait lieu le 13 ; or, d’après les règles en vigueur, il était l’intermédiaire obligé entre les envoyés du Directoire et la députation de l’Empire. Son départ équivalait véritablement, dès lors, à la dissolution du Congrès, ainsi que le constatèrent dans une dernière séance, le 23 avril, les quelques délégués encore présents. Tout en protestant le surlendemain contre cette solution, les plénipotentiaires français déclarèrent qu’ils partiraient le 9 floréal 28 avril). À cette époque, un corps d’armée autrichien, sous les ordres du feld-maréchal-lieutenant von Kospoth, couvrait, du côté de la Forêt-Noire, l’armée de l’archiduc Charles cantonnée dans les environs de Stockach ; l’avant-garde de ce corps, confiée au général-major von Merveldt, avait son aile droite autour de Rastatt ; celle-ci, commandée par le général von Görger, comprenait, en particulier, des hussards autrichiens, colonel von Barbaczy, et des hussards émigrés français, patriotiquement à la solde de l’Autriche, colonel von Egger. Ce même jour, 28 avril, le colonel Barbaczy ordonnait au capitaine Burkhard d’occuper Rastatt avec un détachement et de signifier aux trois envoyés du Directoire qu’en état de guerre leur présence ne pouvait être tolérée plus longtemps dans un pays où