Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/506

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à une note de Talleyrand du 4 nivôse an VII (24 décembre 1798), signifiaient à leurs collègues que, si la diète de Ratisbonne ne s’opposait pas à la marche des Russes à travers l’Empire, le Directoire regarderait cette abstention comme une violation de neutralité équivalant à une déclaration de guerre. N’ayant pas reçu de réponse nette de l’Autriche, ils refusèrent toute note sur un point quelconque des négociations tant qu’il n’aurait pas été répondu à l’ultimatum du 2 janvier. Ils ajoutèrent, le 12 pluviôse (31 janvier), que si, dans un délai de quinze jours, l’empereur n’avait pas éloigné les troupes russes de l’Autriche et des autres États de l’Empire, il y aurait reprise des hostilités. C’était en fait la fin du Congrès que l’empereur cherchait depuis longtemps à acculer à l’impuissance, sans vouloir prendre l’initiative de le dissoudre officiellement. Le 27 pluviôse (15 février), n’ayant rien reçu de l’Autriche, le Directoire envoyait à ses armées l’ordre d’opérer un mouvement ; il y eut un retard de quelques jours dû à l’insuffisance des préparatifs et à la rigueur de la saison. Cependant, sur un nouvel ordre du Directoire du 2 ventôse (20 février), les opérations commencèrent avant que le Corps législatif eût été appelé à se prononcer ; ce ne fut que le 22 ventôse an VII (12 mars 1799) qu’il vota, sans opposition, la déclaration de guerre à l’Autriche et à la Toscane, des manœuvres hostiles de laquelle il venait seulement, disait-il, « d’acquérir la preuve ». Le Directoire semble avoir cru jusqu’au bout qu’au dernier moment l’Autriche finirait par céder. Le 4 pluviôse (23 janvier) avait été signée la capitulation du fort d’Ehrenbreitstein, sur la rive droite du Rhin, où tenaient seules les troupes de l’archevêque de Trêves, prince-électeur de l’Empire, depuis le départ des troupes autrichiennes, le 15 décembre 1797. Commencé presque aussitôt après (nivôse an VI) par les troupes françaises, le blocus avait continué avec des alternatives de rigueur et de relâchement. Deux bataillons français l’occupaient le 8 pluviôse an VII (27 janvier 1799).

Divers traités avaient consacré la deuxième coalition des puissances européennes contre la France : traité de Saint-Pétersbourg du 29 novembre 1798, entre le tsar et le roi de Naples, qui en concluait un autre à Naples, le 1er décembre, avec l’Angleterre, et un troisième, le 21 janvier 1799, à Constantinople, avec le sultan ; traité de Saint-Pétersbourg du 29 décembre 1798 et convention complémentaire du 14 janvier 1799 entre l’Angleterre et le tsar, auquel le gouvernement anglais payait son concours de 45 000 hommes opérant en Allemagne, par d’importants subsides : 225 000 livres sterling (5 625 000 fr.) tout de suite et 75 000 livres (1 875 000 fr.) par mois ; traités approuvés par le sultan à Constantinople, le 23 décembre avec la Russie, et le 5 janvier avec l’Angleterre.

Cette dernière puissance rêvait de coaliser contre la France la Russie, l’Autriche et la Prusse. Malgré le refroidissement de celle-ci pour la France, malgré les nombreuses tentatives faites auprès d’elle par la Russie et l’Angle-