Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/55

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puis derrière la Roer ; ils avaient leur centre à Aldenhoven protégé par la place de Juliers, leur gauche à Dunron et leur droite dans la direction de Roermond, quand Jourdan décida de les attaquer. Le 11 (2 octobre), la bataille s’engageait ; nos soldats, n’ayant pas la patience d’attendre la construction d’un pont, traversaient la Roer à la nage et enlevaient à la baïonnette les retranchements ennemis. À minuit, les Autrichiens que l’artillerie de Juliers avait sauvés de la déroute, battaient en retraite ; le 12 (3 octobre), Jourdan, qui s’apprêtait à bombarder Juliers, trouvait cette plaine évacuée. L’armée impériale poursuivie repassa le Rhin dans la soirée du 14 (5 octobre) et les troupes républicaines entrèrent le 15 (6 octobre) à Cologne. Tandis que la gauche de l’armée de Sambre-et-Meuse rejoignait l’armée du Nord par Wesel et Clèves, une division de droite sous les ordres de Marceau se dirigeait vers Coblenz et, le 2 brumaire (23 octobre), avait lieu sa jonction avec les deux divisions de gauche de l’armée de la Moselle. Kleber était resté en arrière pour bloquer Maastricht où le prince de Hesse-Gassel capitulait, le 14 (4 novembre), livrant 330 canons et d’immenses approvisionnements.

L’armée du Rhin, dont le général en chef était Michaud, avait, à la fin de messidor (juillet), dans des opérations combinées avec l’armée de la Moselle, réussi à séparer les Prussiens des Autrichiens. Depuis la marche de Moreaux sur Trêves, elle gardait la défensive, mais elle fut attaquée par l’armée prussienne ; si celle-ci écrasait, le 3e jour sans-culottide (19 septembre), la division Meynier à Kaiserslautern, elle était chassée de cette ville le 10 vendémiaire (1er octobre) grâce à un renfort expédié par Moreaux. Néanmoins tous ces combats n’aboutissaient à rien de décisif, lorsque la bataille de la Roer et la retraite de Clerfayt sur la rive droite du Rhin vinrent changer la face des choses en contraignant l’ennemi à rétrograder. Pendant que l’aile droite, sous Desaix, entrait, le 17 (8 octobre), dans Frankenthal — par elle évacué le 21 (12 octobre), mais repris le 24 (15 octobre), — le 27 18 octobre) dans Worms, le 1er brumaire (22 octobre) dans Oppenheim, l’aile gauche, sous Gouvion Saint-Cyr, était, le 20 vendémiaire (11 octobre) à Lauterecken où elle rencontrait la droite de l’année de la Moselle, le 24 (15 octobre) à Ober-Moschel, le 1er brumaire (22 octobre) à Alzey, et l’armée prussienne de Mœllendorf, qui s’était repliée sous Mayence, passait à son tour le Rhin comme, nous venons de le voir, l’armée impériale l’avait fait deux semaines avant. En brumaire (novembre), le général Michaud recevait l’ordre de s’emparer de la tête du pont de Mannheim et d’assiéger Mayence que deux de ses divisions, réunies à trois divisions de l’armée de la Moselle, bloquaient sur la rive gauche du Rhin depuis la fin d’octobre. Avec l’aide d’une division de l’armée de la Moselle, Michaud faisait capituler le fort, tête du pont de Mannheim, le 5 nivôse (25 décembre). Kleber, détaché à son grand regret de l’armée de Sambre-et-Meuse et chargé de la direction des travaux pour Mayence, devant laquelle il arrivait le 10 frimaire (30 novembre),