Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/555

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dissolution dans la rue du Bac ; après, tout nouvellement, la destitution de plusieurs républicains recommandables » (p. 32), faits dont, je parlerai plus loin ; mais il juge « qu’on doit, pardonner beaucoup aux circonstances difficiles » où se trouve Sieyès (p. 54) dont il fait un grand éloge ; je mentionnerai, à titre de curiosité, que, dans une étude publiée en 1790 sous le titre : « Première suite du vœu national » Dolivier considérait déjà. « M. l’abbé Sieyès » comme « un de nos plus profonds penseurs » (p. 17). Si, par suite de sympathies, de relations peut-être, d’ancienne date, il se trompe sur Sieyès qui voulait mettre un général dans son jeu, son erreur est du moins tout à fait désintéressée : « Je ne te demande, lui dit-il (p. 54), ni ne veux rien, sinon que tu emploies tous tes moyens pour sauver ton pays et pour faire triompher la République ». D’autre part, pour l’intérieur, ce n’est pas de l’emploi de la force militaire qu’il attend le salut ; il semble, au contraire, se méfier d’elle et voudrait qu’on organisât « une force civile sous la direction immédiate du ministre de l’intérieur ».

Comme renseignements biographiques, voici tout ce que je connais à son sujet. Né, le 21 octobre 1746, à Neschers (canton de Champeix, arrondissement d’Issoire, département du Puy-de-Dôme), de Jacques Dolivier, notaire en cette localité, et de Marie Meyrand, Pierre Dolivier était, en 1777, « simple vicaire de campagne » dans « une petite paroisse située dans les monts d’Auvergne » (p. 6 d’une brochure publiée par lui en 1791 sous le titre : Serment patriotique de Pierre D’Olivier, curé de Mauchamps près Étampes, auteur du « Discours sur l’abus des dévotions populaires et du Vœu national »). Là, il fit, dit-il (Idem, p. 7), « un discours sur l’abus des dévotions populaires qui m’attira l’honorable persécution de mon évêque et d’une grande partie du clergé, discours qui a été imprimé en 1788 ». Forcé de quitter le diocèse et « après avoir été le jouet de divers événements » qu’il ne précise pas, on le trouve, à la suite d’ « une circonstance heureuse » (Idem, p. 6), à Mauchamps, village près de Chamarande (Seine-et-Oise). Les archives de cette commune montrent que, le 24 octobre 1784, c’est un autre que lui qui signe comme curé un acte de décès ; le 16 novembre, c’est lui qui signe comme « prêtre » ; le 23 novembre 1784 et le 17 octobre 1785, il signe comme « desservant » ; le 17 novembre 1785, il signe comme « curé ». Il y a de lui, à la Bibliothèque nationale, de 1788, une brochure : La voix d’un citoyen sur la manière de former les États généraux ; de mars 1789, Lettre d’un curé du bailliage d’Étampes à ses confrères ; de 1789, Exposé des sentiments que j’ai manifestés dans l’assemblée du bailliage d’Étampes, adressé à tous les curés du royaume ; du texte de cette dernière brochure, il résulte qu’il n’était pas noble, quoiqu’il laissât imprimer souvent « D’Olivier ». Il était, en outre, en 1789, l’auteur d’un « Manifeste de quatorze curés du bailliage d’Étampes ». En 1790, il écrivit Le vœu national ou système politique et Première suite du vœu national (déjà cité) ; en 1791, le Serment patrio-