Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par la Convention, Victor Hughes et Chrétien, débarquaient à la Guadeloupe ; le dernier ne devait pas tarder à mourir ; mais Victor Hugues, après des alternatives de revers et de succès, s’était finalement déjà rendu maître de la Guadeloupe (nivôse-fin décembre) quand, le 17 nivôse an III (6 janvier 1795), lui arrivèrent 1 500 hommes de renfort.

On a vu tout à l’heure que la Convention avait, le 10 nivôse an III (30 décembre 1794), rapporté les articles des deux décrets prescrivant de ne plus faire de prisonniers anglais, hanovriens et espagnols. Quatre jours après, elle rapportait également une mesure de rigueur prise contre les biens des étrangers originaires des pays avec lesquels la France était en guerre. Par décision, en effet, du 18 messidor an 11 (6 juillet 1794), l’agence des domaines avait dû prendre possession des meubles et immeubles leur appartenant et les administrer comme les autres biens nationaux ; de plus, il avait été ordonné à ceux qui avaient en mains des fonds ou effets appartenant à des habitants des pays ennemis, de les déposer contre récépissé dans les caisses publiques ; or la loi du 14 nivôse an III (3 janvier 1795) mit fin à ce séquestre. En conséquence, les biens des étrangers séquestrés, à l’exception de ceux des « princes étrangers » et des « corps, communautés et bénéficiers ecclésiastiques », furent, avec leurs produits, rendus à leurs propriétaires, et les fonds qui avaient été versés dans les caisses publiques remboursés aux personnes qui les avaient déposés.

CHAPITRE V

VENDÉENS ET CHOUANS

(thermidor an II à floréal an III - juillet 1794 à mai 1795.)

En Vendée, le général Vimeux, remplaçant à la tête de l’armée de l’Ouest le général Turreau que sa rigueur jugée excessive avait fait rappeler et reléguer dans le commandement de Belle-Île, les généraux Alexandre Dumas à qui Vimeux remit ses fonctions le 21 fructidor (7 septembre). Moulin, commandant en chef de l’armée des côtes de Brest jusqu’au 17 vendémiaire (8 octobre), époque où, appelé à l’armée des Alpes, il eut pour successeur Alexandre Dumas remplacé lui-même à l’armée de l’Ouest, le 3 brumaire (24 octobre), par Canclaux, et Hoche nommé le 4 fructidor (21 août), en remplacement du général Vialle, au commandement, qu’il prit le 19 (5 septembre), de l’armée des côtes de Cherbourg, n’eurent que peu d’opérations militaires à conduire. Cette inertie eut pour causes et le désir de laisser faire la récolte et le retrait de 25 000 hommes pris pour renforcer l’armée de la Moselle et l’armée des Pyrénées occidentales. En thermidor (fin juillet), les bandes des rebelles harcelèrent les moissonneurs patriotes ; mais, vers le