Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/91

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de fermes ou de biens, les objets seront divisés de manière que chaque corps de biens ou de fermes sera affiché et vendu séparément, ce qui pourra cependant se faire le même jour ».

Tout cela n’empêcha pas la dégringolade des assignats. Le 3 messidor (21 juin), était voté le projet Reubeli, d’après lequel la valeur des assignats devait varier avec le chiffre de leur circulation : au pair, si celle-ci ne dépassait pas deux milliards, leur valeur nominale baissait d’un quart par chaque demi-milliard de plus en circulation. On ne réussit pas ainsi, au contraire,à enrayer la chute des assignats.

Le spectacle de cette impuissance à remédier tant soit peu à une situation désastreuse, n’était pas de nature à atténuer le discrédit du papier-monnaie que voici résumé en quelques chiffres d’après la Collection générale des Tableaux de dépréciation du papier-monnaie publiés en exécution de l’art. 5 de la loi du 5 messidor an V-23 juin 1797 (chap. xv). Le 9 thermidor an II (fin juillet 1794), dans la moitié des départements, 47 sur 94 à cette époque 100 livres en assignats valaient 40 livres et au-dessus, notamment 50 livres ou plus dans 17, 75 livres dans le Gers. Sur les 47 départements où les 100 livres en assignats valaient alors moins de 40 livres, il y en avait 12, y compris la Seine, où le cours était égal ou inférieur à celui de Paris, 34 livres, ne variant pour 11 qu’entre 32 et 34 et descendant à 28 livres 10 sous dans les Alpes-Maritimes. À partir du 9 thermidor, la baisse est continue. 100 livres de papier-monnaie valent à Paris, en prenant le cours de la dernière décade du mois révolutionnaire d’après les tableaux cités plus haut (p. 348 350) : en thermidor an II (août 1794), 32 livres ; en fructidor (septembre), 31 ; en vendémaire an III (octobre), 28 livres 10 sous ; en brumaire (novembre), 26 livres 10 sous ; en frimaire (décembre). 23 livres ; en nivôse (janvier 1795), 20 ; en pluviôse (février), 18 livres 10 sous ; en ventôse (mars), 16 livres ; en germinal (avril), 12 ; en floréal (mai), 8 livres 10 sous ; en prairial (juin), 4 1ivres ; en messidor (juillet), 3 livres 15 sous, pour tomber bientôt plus bas. Cependant, comme l’assignat perdait plus par rapport à l’argent que par rapport aux marchandises, il m’a paru intéressant de rechercher les variations de prix d’une même marchandise à cette époque ; j’ai choisi pour cela une marchandise n’ayant pas été matière à spéculation, le prix de l’abonnement de trois mois au Moniteur. Ce prix qui était encore, le 1er vendémiaire an III (22 septembre 1794), celui de 1789, 18 livres pour Paris, 21 livres pour les d’épartements, montait : le 1er brumaire (22 octobre 1794), à 19 livres 10 sous pour Paris, à 22 livres 10 sous pour les départements ; le 1er nivôse (21 décembre 1794), à 25 livres pour Paris, à 28 pour les départements — c’est le seul cas où le prix de l’abonnement de trois mois n’a pas été exactement le quart du prix de l’abonnement d’un an ; si cette proportion habituelle avait été observée, notre prix n’aurait dû être ici que de 22 livres 10 sous pour Paris, de 25 livres 10 sous pour les départements ; — le 1er pluviôse (20 janvier 1795),